Deux partie de l’entrevue exclusive avec Alain Bronec. Pour cette partie, Alain Bronec revient sur son rôle au sein de la filière vitesse de la FFM ainsi que sur l’avenir de la compétition moto en France.
- Vous travailler pour la filière vitesse FFM afin de contribuer à la détection de pilotes (voir résumé des détections à Alès en Aout 2013), pouvez-vous nous expliquer votre rôle ?
Je suis responsable sportif pour la Fédération en charge de la détection de pilotes âgés de 6 à 13 ans. D’ailleurs, avant le GP de Valencia, nous avons organisé un salon 25-Power (moins de 25 chevaux, NdR) au sein duquel nous avons réuni des pilotes de 6 à 7 ans en éducatif, jusqu’à 13 ans. Ils ont pu rouler sur la piste de karting du pôle mécanique d’Alès. Nous nous sommes aperçus que cette formule intéresse beaucoup de monde et nous allons essayé d’attirer plus de pilotes dans le Championnat 25-Power qui est, pour nous, la base de la pyramide. Nous espérons y détecter des pilotes capables de passer dans les championnats de France, européens et mondiaux. Ce programme est piloté par la Direction Technique Nationale de la Fédération dont le Directeur est M. Philippe Thiébaut.
Parallèlement, je suis en charge du Challenge de l’Avenir. Enzo Boulom en est le vainqueur cette année. Il s’agit de Moto3 d’origine Honda qui roulent en Championnat de France FSBK avec un classement à part. La partie intéressante du Challenge de l’Avenir est que toutes les motos sont les mêmes : le pilote qui gagne est celui qui est le meilleur. Les pilotes évoluent dans le Championnat de France en bagarre avec des motos plus puissantes, ce qui permet aux jeunes pilotes d’essayer de suivre des motos plus rapides et de progresser rapidement.
Enfin, je suis responsable de l’Équipe de France : Lucas Mahias a roulé à Valencia la semaine d’après le GP de Valencia en Moto2 et Enzo Boulom en Moto3 dans le cadre du CEV. De même, sur la course CEV Moto3 de Valencia, nous avons fait roulé Corentin Perolari de la Red Bull Rookies, coupe qu’il continuera la saison prochaine en compagnie d’Enzo Boulom et de Lyvann Luchel.
- Christian Sarron a rejoint la filière vitesse en juillet dernier, quelle est la nature de votre collaboration (voir entrevue avec Christian Sarron ici) ?
Christian Sarron a été recruté par la Fédération pour renforcer la filière vitesse dont je suis responsable. Il était présent au Salon 25-Power. C’est vraiment très intéressant d’avoir Christian en notre compagnie car tout le monde le connait et il est très apprécié. Il amène sa motivation et son expérience à la Fédération.
- Lors des détections à Alès en aout dernier, quelques pilotes (Florian Marino, Thibaut Gourin, Hugo Clere ou encore Morgan Berchet et Lucas Mahias) ont piloté la Moto2. Étant donné l’absence d’une catégorie Moto2 en Championnat de France, qu’est-ce que ces essais Moto2 signifient pour la FFM ?
L’illustration est Lucas Mahias. Si Lucas n’avait pas roulé au mois d’aout, il aurait été possible qu’il ne roule pas durant le GP de Valencia pour Tech3 ou la semaine d’après en CEV. Durant les détections, Florian Marino et Lucas Mahias avaient roulé vraiment très fort sur le circuit du pôle mécanique. Les pneus sont différents en CEV, mais j’ai pu faire remonter cette information à la Fédération et j’en ai aussi parlé à Hervé Poncharal (Team Manager Tech3, NdR). Je pense que cette discussion a aidé son choix pour le remplacement de Danny Kent. L’objectif de la Fédération en Moto2 est de mettre en avant des pilotes ayant déjà participé à un ou plusieurs championnats.
Nous avons fait rouler les meilleurs pilotes de la Pirelli Cup, et des pilotes d’expérience comme Lucas Mahias ou Florian Marino qui nous permettent de montrer aux équipes du CEV ou du mondial que la France a la possibilité de proposer des pilotes Moto2 pour remplacer un pilote, par exemple. Il n’est plus à cacher que pour rouler en Moto2, il faut venir avec un budget conséquent. Néanmoins si quelques pilotes sortent du lot, ils peuvent être appelés pour faire des remplacements et pourquoi pas quelques courses.
Concernant Florian Marino, il a un programme pour 2014 qui est vraiment très intéressant : il sera pilote officiel Kawasaki en mondial Supersport dans l’équipe Intermoto. Lucas Mahias a aussi de belles propositions, nous verrons ce que ça va donner.
- Pensez-vous qu’il existe un réel tremplin du mondial Supersport vers la Moto2 ?
Je suis le premier à l’avoir expérimenté en ayant fait venir Kenan Sofuoglu. L’expérience n’a pas été aussi convaincante que nous le voulions, mais Kenan a fait un podium. Il s’est malheureusement blessé ensuite. Kenan est un pilote avec une grosse expérience, c’était difficile pour nous de repartir à zéro, si je puis dire.
Toutefois, je pense que si on part avec des pilotes plus jeunes, il y a vraiment de quoi faire un transfert de la 600 Supersport vers la Moto2.
- Justement, que pensez-vous de l’arrivée de Sam Lowes, Champion du Monde Supersport en titre, en Moto2 ?
Ça va être une très bonne information. On va pouvoir voir exactement ce qu’un jeune Champion du Monde Superport peut faire dans cette catégorie.
Néanmoins, il ne faut pas toujours se baser sur la première saison. Par exemple, des pilotes qui roulent vite en Moto3 ont des saisons compliquées en Moto2 : lorsque l’on voit 20 pilotes dans la même seconde, je pense qu’il faut un temps d’adaptation que l’on vienne du Moto3 ou du mondial Supersport. Mais je reste convaincu qu’il y a une passerelle dans ce sens-là : le niveau Supersport est très intéressant.
- Vous mettez en avant le fait de laisser un temps d’apprentissage lors de l’arrivée dans une catégorie. Certains pilotes n’ont malheureusement pas le temps de terminer leur saison qu’ils doivent trouver un autre guidon pour la saison d’après, est-ce une tendance qui se généralise ?
Les équipes ont besoin du financement des pilotes et d’avoir des résultats. Un début de saison difficile engendre l’ajout de stress. Si on prend l’exemple de Louis Rossi, il a été en difficulté en début de saison, mais il réalise de très bonnes choses en cette fin de saison. Ça veut donc dire qu’il a sa place en Moto2. C’est le même cas pour Alan. Il a fait deux saisons en Moto3 et on reste persuadé qu’il lui faut une troisième saison.
Pour un pilote, il faut toujours se battre. Malheureusement, si on passe un peu en travers, la saison devient vite difficile. La course coûte très cher et c’est la dure loi de la compétition mélangée au business. Il y a quelques années lorsque les équipes avaient la totalité du budget, un pilote pouvait rouler “gratuitement”. Aujourd’hui, les équipes n’ont plus assez de budget et il faut une participation des pilotes Dans ces conditions, le temps d’apprentissage est souvent réduit pour les pilotes mais les meilleurs potentiels peuvent tirer leur épingle du jeu.
Nous tenons à remercier chaleureusement Alain Bronec pour son entière disponibilité ainsi que sa gentillesse.