Auteur de quatre podiums sur l’ensemble de sa première saison en catégorie Moto2, Alan Techer termine 6ème au classement général.
Pour 2015, le pilote français sera de retour au guidon de la Mistral développée par l’équipe Tech3. Pour cette nouvelle saison, la catégorie Moto2 franchit un cap et portera désormais le nom de Championnat d’Europe Moto2. Techer évoluera toujours aux côtés de Xavi Vierge au sein de l’équipe Targobank.
La semaine dernière, Alan Techer a bouclé le premier test officiel, l’occasion pour nous de faire le bilan de sa saison 2014, de sa préparation durant l’intersaison et de nous détailler ses objectifs pour la course au titre. En tant qu’ancien pilote en Mondial, nous en avons aussi profité pour lui demander son avis sur cette nouvelle saison qui s’annonce palpitante.
- 6ème au classement générale malgré toutes ces mésaventures, quel bilan dresses-tu ?
Il y eu des hauts et des bas. En analysant nos premiers résultats, tout en restant humble, nous nous sommes dits que nous étions en mesure de faire quelque chose. Nous sommes arrivée à Aragón en tête du Championnat, c’était vraiment une sensation étrange pour une personne comme moi qui a parfois du mal à croire en soi. Ensuite, malheureusement, il y a eu des chutes, un départ volé et un pilote qui m’a percuté, ce sont de gros points perdus. Mais l’objectif de notre première saison était d’apprendre. Nous ne connaissions pas le Championnat et nous visions un Top10. Finalement, nous terminons 6ème avec la certitude qu’un Top3 était vraiment jouable. Après une saison 2013 difficile, finir avec quatre podiums sur cinq courses terminée, ça fait du bien.
- Pour 2015, tu évolueras dans la même équipe, est-ce un avantage pour toi ?
C’est clairement un avantage. Nous passerons sur la version 2014 de la Mistral. Il n’y aura pas de gros changements mais étant donnés les résultats des Mistral en mondial la saison dernière, c’est prometteur. L’autre avantage est le passage à Dunlop. Nous aurons alors un élément de comparaison avec l’équipe Tech3 en plus de pouvoir échanger des informations plus facilement. Un autre avantage c’est que j’aurai toujours le même coéquipier qui mets beaucoup de gaz. C’est une façon de se tirer mutuellement vers le haut et d’apporter une bonne dynamique à l’équipe. On m’a toujours dit « ton plus grand adversaire, c’est ton coéquipier ». En 2014, c’était le cas et ce le sera encore en 2015. Enfin, je continuerai à travailler avec George “Little George” Vukmanovich, un grand Monsieur de la moto qui a travaillé avec Mamola ou Doohan.
- Ton équipe sera-t-elle toujours en étroite collaboration avec l’équipe Tech3 ?
Nous aurons un gros soutien de la part de Tech3. Nous allons travailler ensemble aussi bien par l’échange d’informations que par les tests de nouvelles pièces. Le passage en Dunlop va favoriser aussi ces échanges.
- Est-ce une bonne chose de passer de Michelin à Dunlop ?
Je pense que c’est une bonne chose surtout lorsque les médias ont tendance à vouloir comparer les temps réalisés en mondial avec ceux réalisés en CEV. En tant que pilote, les Dunlop vont nous aider. Les Michelin ont l’avantage de bien se comporter (beaucoup de grip) en début de course avant de perdre en fin de course. Alors que les Dunlop sont peut être moins performants au début mais restent constants sur la durée de la course.
- Saison 2014 terminée, quel a été ton programme durant cette intersaison jusqu’au premier test ?
Fin 2013, je ne savais pas ce que j’allais faire : Moto2, Moto3, Championnat du Monde ou CEV. Dans l’attente d’un réponse, j’avais donc mis ma préparation de côté. La préparation Moto3 et la préparation Moto2 ne sont pas les mêmes. En Moto3, je faisais attention à chaque détail en pesant ce que je mangeais pour conserver un poids de 55kg maximum. Pour 2015, je sais que je serai en Moto2. J’ai principalement travaillé ma préparation physique et mon renforcement musculaire à hauteur de six séances de 2h par semaine. J’ai pratiqué pas mal de MotoCross pour arriver en forme dès l’ouverture de la saison. J’ai aussi été invité par la FFM à participer au camp d’entrainement à Font Romeu début de janvier avec quatre entrainements par jour. C’est d’ailleurs de cet entrainement qu’a débuté la base de ma préparation.
- Comment s’est passé ce premier test officiel à Jerez ?
Nous avons roulé sur les mêmes Mistral que la saison dernière. Nous disposerons de Mistral 2014 dans quelques jours. Le test a été compliqué en particulier le passage de Michelin à Dunlop. Je pensais pouvoir réalisé de bons chronos mais les gommes sont totalement différentes et demandent un pilotage différent. Nous avons essayé d’analyser le comportement du pneu sur la durée d’une course en réalisant plusieurs simulations de course tout en conservant les mêmes pneus sur 60 tours. Sur les deux jours, j’ai bouclé 145 tours. En terme de chronos, nous ne sommes pas satisfaits mais nous avons été productifs. Le prochain test, sur la Mistral 2014, est prévu du 18 au 19 mars à Albacete puis, si tout se passe bien, j’irai à Barcelone continuer mon apprentissage des Dunlop au guidon d’une Yamaha R6 prêtée par mon concessionnaire Moto Attitude à Grasse.
- Une saison 2014 pour apprendre, une saison 2015 pour gagner ?
Mon but ultime est de revenir en Grand Prix en 2016. Pour cela, remporter le titre du Championnat d’Europe reste la meilleure option. Les tractations pour 2016 seront donc plus faciles en ayant cette ligne sur mon CV. Il faut que nous soyons forts dès la première course tout en gérant calmement les courses suivantes. Il va falloir être fort aussi bien physiquement que mentalement. Concrètement, le but est de gagner les premières courses et de terminer la saison avec le titre en poche.
- Peut-on imaginer quelques wildcards cette saison en mondial ?
C’est en pourparler effectivement. Les wildcards vont dépendre de deux choses. D’abord, il faut que l’équipe soit d’accord. Ensuite, l’aspect financier puisqu’il faut compter 12.500 EUR pour l’inscription et l’obtention du boitier électronique. J’espère obtenir un soutien pour le GP de France, si ce n’est pas le cas, nous essaierons de participer à une épreuve en Espagne.
- Justement, en parlant de l’aspect financier, est-ce difficile pour un pilote français d’évoluer en CEV ?
L’an dernier, c’était très difficile. L’équipe, qui ne me connaissait pas, m’avait demandé une certaine somme. Même si je venais des Grand Prix, ça a été très dur financièrement. Après une bonne saison, l’équipe me demande légèrement moins pour 2015. Mais il faut sans cesse trouver de l’argent pour boucler le budget.
- En tant qu’ancien pilote Moto3, qu’as-tu pensé des premiers tests officiels à Valencia puis à Jerez ?
Je connais Fabio Quartararo depuis très longtemps maintenant. Le fait qu’il roule vite n’est pas nouveau pour moi. Une fois arrivée en Espagne, il a eu la “chance” d’être soutenu par Conti. Mais cette chance, il l’a provoquée et c’est encore le cas aujourd’hui avec Honda. Pour qu’un pilote soit en mesure de gagner, il ne faut pas qu’il soit uniquement le plus rapide. Il faut qu’il ait l’équipe, l’entourage et la moto qui suivent. Mais ce qu’il fait aujourd’hui est très fort. À mon sens, il n’est pas seulement capable de monter sur le podium, il est capable de gagner plusieurs courses notamment en Espagne. Pour le titre, ça risque d’être plus compliqué pour lui puisqu’il y a beaucoup de circuits qu’il ne connait pas et qu’il aura fort à faire face à des adversaires comme Fenati, Bastianini ou encore Kent.
- Et en tant que pilote Moto2 désormais, que penses-tu des prestations de Jesko Raffin ou de Florian Alt qui ont pourtant terminé devant toi au classement ?
À mon sens, Raffin a été très rapide en début de saison face à des pilotes rookies. Raffin en était à sa quatrième saison en CEV. En deuxième partie de saison, ça a été un peu plus compliqué. Je n’enlève rien à la valeur de son titre mais je pense que la situation en début de saison lui a peut être profité.
Concernant Alt, il a fait une progression constante pour terminer vice-champion. Pour ces premiers tests au guidon de la seule Suter du plateau (Zaidi n’étant pas présent, NdR), il n’est pas si ridicule que ça, sachant que le temps de Zarco a été très rapide. Néanmoins, je pense que cette saison sera difficile pour les deux pilotes.