Pour sa première saison en CEV dans la catégorie Moto2, OffBikes a choisi suivre le parcours d’Alan Techer. Depuis notre dernière rencontre lors de l’épreuve à Barcelone en juin dernier, seulement deux épreuves ont eu lieu : une course à Albacete et deux à Navarra.
Un « jump-start » litigieux et une disqualification de la couse à Albacete n’ont pas permis à Alan de retrouver le podium conquis en début de saison. À Navarra, le week-end est globalement meilleur pour le pilote français. Auteur d’une pole position, il termine la première course en 3ème position en signant le record de la piste. Lors de la seconde course, une erreur similaire à l’épreuve à Albacete au départ l’oblige à passer par la pitlane pour un « ride-through ». Malgré avoir signé le meilleur tour, une chute avortera prématurément l’issue de la course.
Retour sur les deux dernières épreuves du CEV en compagnie d’Alan Techer. Il nous détaille sa version des faits, ses objectifs pour les épreuves à venir ainsi que sur ses objectifs à plus long terme.
Alan Techer a l’intention de terminer sa saison en CEV de la meilleure façon possible. (Photo : ©CEV Repsol)
- Dans quel état d’esprit es-tu arrivé à l’épreuve à Navarra après cette disqualification à Albacete ?
Peu de temps avant l’épreuve, j’avais réalisé un test à l’issue duquel je n’étais pas mécontent. J’ai réalisé beaucoup de tours : 86 tours lors du premier jour et 76 lors de second. J’ai appris beaucoup de choses et j’ai emmagasiné beaucoup de connaissances sur le circuit. Je partais dans l’objectif de faire au moins podium sur une des deux courses. Durant les essais libres, nous avons travaillé afin de trouver une solution pour la qualification. Partir de la deuxième ligne aurait été difficile sur un circuit constitué de plusieurs parties rapides et d’une partie beaucoup plus lente avant l’arrivée. C’est donc très difficile de doubler sachant que je suis plus à l’aise sur les parties rapides. Ce travail a payé puisque pour la première séance qualificative, je réalise de très bons chronos avec des pneus usés. Avec un pneu arrière plus tendre que ceux que j’utilise habituellement, j’ai aussitôt signé le record de la piste. Je signe donc la pole position. Pour la seconde séance, je savais que j’allais rester dans le Top3 avec mon temps de la première séance. Nous avons donc préparé la course en réalisant des temps intéressants à seulement trois dixièmes de mon record absolu. Lors de la première course, je rate légèrement mon départ. Je suis resté dans le bon groupe, mais j’ai fait l’erreur de choisir des pneus tendres. Lorsque la température de la piste a baissé, mon pneu a commencé à se détruire. Je me battais pour la victoire puis je me suis retrouvé derrière mon coéquipier. Dans le dernier tour, j’ai tenté un dernier dépassement sur lui, mais dans la partie lente, je n’étais plus en mesure d’accélérer, Pons m’a passé et termine 3ème. C’est dommage, car je savais que je pouvais faire mieux.
- Que s’est-il passé lors de la deuxième course ?
Je savais que je pouvais gagner. Sans me vanter, je pense que j’étais l’homme à battre durant ce week-end. Lors de la première course, j’ai compté le temps durant lequel les feux sont restés rouges avant de s’éteindre. Je me suis basé sur ce temps-là pour le départ de la deuxième course. J’ai voulu bien faire. Après avoir compté, j’ai lâché l’embrayage, mais les feux étaient toujours allumés. L’erreur vient uniquement de moi et je ne peux en vouloir à personne hormis à moi-même. Les tours passent et j’entame donc ma remontée jusqu’à la deuxième place. Je passe par la voie des stands pour ressortir en 20ème position. Je réussis à remonter en 14ème position. J’étais vraiment à l’aise, mais par excès de confiance probablement, j’ai voulu doubler deux pilotes à la fois. Malheureusement, je perds l’avant et je chute. Cette chute est la conséquence directe de mon erreur au départ. Néanmoins, ça reste ma première année, j’ai encore des choses à apprendre. Je sais que je peux être rapide, faire des pole positions et gagner des courses. Dorénavant, il va falloir mettre tout bout à bout pour que l’ensemble soit le plus parfait possible.
- Il reste deux épreuves, quelle place vises-tu au Championnat ?
Avec deux résultats blancs, je me retrouve en 6ème position au classement provisoire. Je suis à 22 points du 3ème et ce n’est pas insurmontable. Si je commence à travailler correctement en réalisant des week-ends en étant constant, le Top3 est encore jouable. Cependant, Raffin et Alt sont réguliers, il va être difficile de les battre. Dans tous les cas, il faut que je termine toutes mes courses et que je ne commette pas d’erreurs.
- La Mistral réalise de très bons résultats en mondial avec Cardus et Schrotter, qu’en penses-tu aujourd’hui ?
Je n’ai rien à dire, c’est une très bonne moto. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’équipe Tech3. À la fin de chaque course, j’appelle Tech3 afin de les tenir au courant de ce qu’il se passe ou afin qu’ils nous donnent quelques solutions au sujet de certains réglages. C’est aussi la première année que mon équipe travaille avec des Mistral. C’est une grande aide pour eux que mon technicien ou moi-même appelions Tech3 afin de mettre à plat certaines choses. Aussitôt après signé la pole position, Hervé Poncharal m’a contacté. Nous savons que toute l’équipe nous suit et c’est élément important pour nous. Ils ne nous ont pas donné une moto avec laquelle nous nous débrouillons seuls. Au contraire, même si l’équipe n’est pas physiquement présente avec nous, le staff nous aide tout de même. Rien que pour ça, je les remercie. Je suis vraiment content. Par rapport à la saison dernière où tout était compliqué, cette saison après chaque séance, il n’y a aucune pression. On arrive trouver le sourire. Aujourd’hui, nous avons réussi à trouver une bonne base autour de la Mistral.
- Penses-tu que la Mistral est aujourd’hui capable de gagner régulièrement ?
Mon coéquipier a gagné à Navarra donc dorénavant, nous savons que la Mistral est en mesure de remporter des courses. J’espère pouvoir faire de même lors des trois prochaines courses. Ce qui est sûr, c’est que la Mistral peut gagner des courses en CEV et même en Grand Prix. La preuve, à Misano, Ricky Cardus a fait un excellent début de course. Aujourd’hui la Mistral réalise des Top10 en Grand Prix. Si on me propose de faire des Top10 sur chaque week-end de course, je signe aussitôt.
- La communication entre votre équipe et l’équipe Tech3 fonctionne-t-elle aussi dans le sens inverse ? Disposez-vous de données ou de réglages en provenance de Grand Prix sur les circuits communs ?
Je ne dispose que des pièces de la saison dernière. Par exemple, l’échappement n’est pas le même que celui que l’équipe développe cette saison en Grand Prix. C’est tout à fait normal. En milieu de saison, l’équipe Tech3 a trouvé de bons réglages autour du châssis. Même si ce n’est pas totalement la même moto, nous en avons bénéficié nous aussi. Mon technicien a ensuite été en mesure d’adapter certains réglages au matériel dont nous disposons ou à mon style de pilotage qui est lui aussi différent des pilotes de l’équipe Tech3 ou de mon coéquipier.
- Tu as roulé la semaine dernière à Portimao pour préparer l’épreuve de ce week-end, comment s’est passé ce test ?
Mon test s’est très bien passé. J’ai mis un peu de temps à apprendre le circuit parce que ça n’est pas un circuit facile. On a donc travaillé un peu avec des pneus neufs, mais surtout on a passé beaucoup de temps sur des pneus usés pour préparer la course et bien régler la moto. Je suis assez satisfait de ce test, mais maintenant il va falloir chercher à être plus régulier, avec de bons chronos, pour pouvoir gagner la course. C’est mon objectif pour ce week-end.
- Tout le plateau Moto2 était-il présent ?
Non, tous les pilotes n’étaient pas présents, car la veille il y a aussi eu deux jours de test organisés par Monlau. Du coup, pas mal de pilotes faisaient plutôt ces tests-là.
- Nous sommes en pleine période de tractations pour la saison 2015. Certains pilotes du CEV passent en mondial la saison prochaine tels que Alt ou Raffin, quelles sont tes perspectives pour la saison prochaine ?
Malgré les erreurs que j’ai commises en début de saison ou lors de la deuxième course à Navarra, mon équipe est très contente de moi. J’aimerais rester dans la même équipe avec le soutien de Tech3 et, pourquoi pas, les mêmes motos que cette saison en mondial. Je vise une bonne saison en bagarre pour la victoire chaque week-end. Ainsi je disposerais de plus d’expérience pour passer en Grand Prix. Je ne veux pas commettre la même erreur et passer en Grand Prix trop rapidement pour me battre pour la 25ème place. Mon équipe fait partie des meilleurs du plateau. Ce serait l’idéal de pouvoir rester la saison prochaine dans cette structure.
- Peut-on imaginer une wildcard la saison prochaine (au Mans par exemple) ?
Oui j’aimerais bien deux ou trois wildcards pour prendre encore plus d’expérience, mais tout va dépendre du budget.
- Quel regard portes-tu sur les Français qui évoluent en Grand Prix cette saison ainsi que sur leur avenir ?
En MotoGP, il faut admettre que Mike Di Meglio n’a pas du tout la meilleure moto. C’est peut-être même le contraire, il a la pire moto. Je pense qu’il faut donner une deuxième chance à des pilotes comme Mike qui peuvent faire de belles choses. La MotoGP est le rêve de chaque pilote. J’ai beaucoup discuté avec Mike lors du GP de France au Mans, il m’a aidé lorsque j’étais en Grand Prix. C’est quelqu’un de vraiment sympa. Un mec comme ça a vraiment sa place en Grand Prix. En Moto2, malgré un début de saison compliqué, Johann Zarco réalise d’excellentes choses avec plusieurs podiums et un pole à Silverstone. En Moto3, il n’y a même pas besoin de dire que Fabio Quartararo mérite sa place.
Aujourd’hui à Portimao, Alan Techer se battra pour se placer au mieux sur la grille de départ. Une victoire est à portée de bras pour le pilote français.
Merci à Alan pour sa gentillesse, sa confiance et sa disponibilité.
