À l’occasion de son GP national au Mugello, nous nous sommes entretenus avec le pilote italien du CIP d’Alain Bronec, Alessandro Tonucci. Retour sur son parcours, son excellente performance à domicile, et ses perspectives pour le GP de Barcelone.
Propos recueillis par : Line & Tom.
- Quel a été ton parcours dans la compétition moto ?
J’ai commencé à l’âge de 8 ans à faire du motocross, et la piste lorsque j’ai eu 11 ans. À 13 ans, j’ai intégré le Championnat national italien au sein d’un trophée particulier où toutes les machines étaient les mêmes, le Trophée Morresi. C’était une coupe réservée aux jeunes pilotes italiens et soutenue par la Fédération Italienne. Cette année-là (2009, NdR) et grâce à cette coupe, j’ai également intégré une équipe en Championnat d’Europe. J’ai terminé la saison Vice-Champion d’Europe 125GP, Vice-Champion d’Italie 125GP et Champion d’Italie des moins de 18 ans en Trophée Morresi. L’année suivante en 2010, c’était un peu moins bien, j’ai terminé 4ème du Championnat d’Europe 125GP et 3ème du CIV 125GP… Du coup, lorsqu’en 2011 j’ai eu l’occasion d’aller en Mondial, je l’ai fait immédiatement, d’abord en 125 avec le Team Italia, puis en Moto3 en 2012.
L’année dernière était une année particulièrement pourrie pour moi (rires), parce que la différence était beaucoup trop importante entre les KTM et les Honda, et il n’y avait rien que je pouvais faire pour être devant. Du coup, je prends cette année avec le CIP et la Mahindra comme un nouveau départ.
- Tu fais partie de ceux qui sont passés très vite de la 125 (2-temps) à la Moto3 (4-temps). Qu’est-ce qui, selon toi, est le plus facile ?
La Moto3, sans hésiter, car le moteur 4-temps est beaucoup plus doux, plus souple, alors que le 2-temps est plus agressif. Je me sens plus à l’aise sur la Moto3. Cela dit, avec un moteur 4-temps, les débuts sont plus faciles, mais lorsqu’il s’agit de pousser plus loin pour aller très vite, alors les choses se compliquent.
- C’est ta première saison dans ce team, tu as pu voir leurs résultats l’année dernière avec une moto qui n’était pas la meilleure du plateau. Lorsque tu es arrivé au CIP, étais-tu satisfait qu’ils passent sur Mahindra ?
Oui, bien sûr, je le suis toujours. Cependant, au début de la saison et surtout sur les deux premières courses, nous avons eu de nombreuses difficultés avec la Mahindra. Il reste un tas de choses à régler et à mettre en place, et je pense que Mahindra a encore du chemin à faire, mais en ce qui me concerne je suis dans un très bon team où tout le monde travaille très dur, et j’en suis très content. Mes mécaniciens sont Espagnols et Italiens, donc ça a été facile pour moi de m’adapter, et je suis très content de leur travail. C’est un team Français mais je me sens parfaitement intégré, et Alain (Bronec, NdR) est un homme de confiance et un très bon manager.
- Tu as prouvé par le passé que tu pouvais aller très vite. Quels sont tes objectifs cette saison ?
Honnêtement, mon but est d’être le plus régulièrement possible dans le Top10. Si Mahindra accomplit sa part du travail, je pense que ce sera possible sans souci. Je me sens aussi capable de me battre pour un podium, voire pour une victoire, mais peut-être pas sur n’importe quel circuit. En tout cas, c’est quelque chose que j’aimerais vraiment réaliser. Je pense que Mahindra a le potentiel nécessaire, mais qu’il y a beaucoup de travail.
À long terme, bien sûr, mon objectif est d’intégrer la catégorie MotoGP au plus vite, comme beaucoup de pilotes. Mais avant de changer de catégorie, j’aimerais réaliser une année parfaite, être au moins dans le Top5 du Championnat si ce n’est Champion. J’aimerais qu’on se souvienne de mon passage. Je ne veux pas me précipiter, à moins que l’on m’offre une excellente opportunité en Moto2, par exemple. Si ça doit prendre plusieurs années, ce n’est pas un problème.
- Est-ce difficile pour un pilote Italien de briller sur la scène internationale ?
Oh oui (rires) ! Nous sommes très nombreux, et encore aujourd’hui, en Italie, il n’y en a que pour Valentino Rossi (rires) ! C’est assez compliqué de se faire une place en tant que pilote italien, les attentes des tifosis sont très importantes, et la domination espagnole qui existe aujourd’hui rend la tâche encore plus compliquée.
- La course à domicile au Mugello a été très disputée, jusqu’au dernier tour à l’issue duquel tu termines 7ème, quel bilan dresser de ce week-end ?
Ce week-end au Mugello a été très positif pour nous. Nous avons énormément travaillé sur la moto. L’équipe est très performante et je suis très heureux d’évoluer avec elle. C’est aussi grâce aux dernières évolutions en provenance de Mahindra que nous avons réalisé une très bonne course au Mugello.
- C’est ton meilleur résultat de la saison pour le moment, quels sont les éléments qui ont fait la différence ce week-end par rapport aux autres ?
Avant le week-end du GP de France, nous avons réalisé un test sur le circuit du MotorLand Aragón durant lequel nous avons testé plusieurs solutions différentes sur la moto. La course au Mans a aussi été très bonne avant ma chute. La Mahindra est plus ou moins aussi performante que les autres constructeurs. Dorénavant, nous pouvons espérer prendre l’habitude de nous battre pour le Top10.
- Le circuit de Catalogne est similaire au Mugello (grande ligne droite, enchainements rapides), quels sont vos objectifs pour la prochaine épreuve ?
Effectivement, le circuit de Barcelone est très similaire à celui du Mugello. Je pense que si nous travaillons dans la continuité du GP d’Italie ou du GP de France, nous avons pouvons améliorer et nous battre pour un très bon résultat.
- Mahindra et Honda semblent de plus en plus proches de la KTM. Malgré tout, c’est la 6ème victoire cette saison pour KTM, penses-tu que la situation puisse être renversée ?
Je pense très honnêtement que nous sommes en mesure de battre les KTM cette saison.