Parti du Mugello après une excellente course, Alexis Masbou est arrivé confiant à Barcelone pour le GP de Catalogne. Des difficultés techniques l’ont contraint à s’élancer depuis la 17ème position sur la grille de départ. En course, il a été impossible pour le pilote français de se placer dans le groupe de tête. Il termine 11ème d’un week-end difficile. Retour sur ce GP de Catalogne.
- Un week-end difficile dès les premières séances, que s’est-il passé ?
Effectivement, la journée du vendredi a été très difficile, pire le samedi et peut-être légèrement mieux ce dimanche en course. Nous n’étions pas dans le rythme et nous n’avons pas travaillé de la bonne façon ce week-end. La moto ne tournait pas suffisamment dans les virages. Nous avions résolu le problème concernant la sortie de virage mais à aucun moment nous n’avons trouvé de solution pour l’entrée.
Pour la course, nous avons pris le risque d’équiper la moto d’une fourche que nous ne connaissions pas. C’était légèrement mieux , mais globalement, c’est un week-end noir pour lequel nous n’avons trouvé aucune solution.
- Après le GP d’Italie, l’équipe a réalisé un test sur le circuit du Mugello, êtes-vous arrivés à Barcelone avec de nouvelles évolutions ou un nouveau set-up ?
Nous n’avons pas eu de nouvelles évolutions depuis le début de la saison. En revanche, certaines équipes Honda ont reçu quelques nouveautés. Nous devrions obtenir ces mêmes évolutions d’ici le prochain GP à Assen.
- Après le GP d’Italie, tu confiait vouloir travailler autour de ta position sur la moto, notion que tu n’as pas pu aborder durant les essais hivernaux, est-ce un point résolu dorénavant ?
Nous avons un peu travaillé sur ce point, mais cette journée de test a été très rapide avec seulement quatre sessions (deux fois 45 minutes et deux fois une heure). Nous avons réalisé des tests autour du châssis et des pneumatiques : j’ai travaillé avec quatre types de pneus différents. C’est passé très vite.
- Cette victoire de Honda ce dimanche met fin à la domination des KTM, penses-tu que Honda a franchi l’étape qui manquait ?
Je pense que nous n’étions pas loin jusqu’à présent, même si les KTM avaient encore un léger avantage. Les dernières évolutions vont faire en sorte que nous soyons encore plus présents aux avants-postes afin d’être en mesure de gagner des courses. Alex Rins et Alex Márquez sont, à mon sens, les pilotes les plus rapides du championnat, mais limités par les performances de la Honda. Les nouvelles évolutions que leur équipe a reçues leur ont permis d’avoir un rythme rapide durant tout le week-end. Phénomène confirmé en course puisque personne n’a réussi à suivre le rythme de Márquez.
J’espère que les nouvelles évolutions vont me permettre de suivre le même chemin et de me rapprocher de devant. Cette victoire de Márquez met vraiment une nouvelle dynamique au championnat. Ce sont quelques petits détails qui font la différence. Il faut maintenant limiter la casse quand tout ne va pas bien et marquer de gros points quand tout va bien.
- Avec un meilleur départ, aurais-tu été en mesure de mener le groupe de tête ou tout du moins d’en suivre le rythme ?
Non, ce week-end nous n’étions pas suffisamment performants pour passer devant et imprimer le rythme comme au Mugello. Mais je suis persuadé que j’aurais pu suivre le groupe, peut être pas de me battre avec eux, mais au moins de le suivre. On a bien vu que Miller est resté derrière le paquet durant toute la course pour faire une belle remontée dans le dernier tour. Un dernier tour en Moto3 est très spécial, mais ici je n’avais pas le rythme pour m’imposer.
- Dans 10 jours, le prochain GP aura lieu sur le circuit d’Assen avec un tracé qui n’est pas propice au jeu des aspirations comme en Italie ou à Barcelone, est-ce un tracé qui sourit au Honda ?
Les GP d’Italie et de Barcelone sont toujours des épreuves difficiles : il est possible de faire des temps sortis de nulle part grâce à une aspiration sur tout le circuit. À Assen, c’est beaucoup plus difficile, mais je pense que ce tracé correspondra aux Honda. La moto a beaucoup progressé sur l’accélération et sur la vitesse de pointe pour s’approcher du niveau des KTM. Dorénavant, je pense qu’il y aura toujours des Honda sur le podium puisque le niveau est de nouveau très serré. Maintenant, à chaque pilote de s’exprimer et de faire les résultats sans devoir remettre en cause les capacités de la moto. Je suis ravi que la catégorie prenne cette tournure par rapport à la saison passée durant laquelle une seule moto pouvait gagner.
- 7ème au classement provisoire du Championnat du Monde, l’objectif reste le titre ?
Ce n’est malheureusement plus le titre puisque nous n’avons pas eu le début de saison souhaité. Mais l’objectif initial de gagner des courses et de faire des podiums est toujours là. Nous en sommes plus proches que jamais, il faut juste que nous le fassions. Il ne manque plus que ça : on a la vitesse et le rythme. Avec de bonnes qualifications, nous pouvons faire une bonne course. Pour le moment, on encaisse les coups en attendant d’atteindre cet objectif. Une fois que nous serons montés sur le podium, nous pourrons plus facilement y retourner.
- Depuis quelques semaines, tu travailles avec Frédéric Petit (ancien pilote en championnat du monde 125cc), que t’apporte cette collaboration ?
Nous travaillons ensemble depuis le GP d’Italie. C’est une initiative de Fred et Jimmy (son frère, lui aussi ancien pilote) que je connais très bien et qui m’ont proposé de m’aider dans cette situation où je n’ai pas encore atteint les objectifs que je m’étais fixés.
Je n’ai jamais eu de coach technique, j’ai beaucoup travaillé seul depuis que je suis arrivé en mondial. C’est toujours un bon point d’avoir un regard extérieur pour préciser les points positifs et négatifs. Ce week-end, c’était important pour moi de confirmer que je travaillais dans la bonne direction. Au Mugello, nous avons pu déterminer les points sur lesquels je devais travailler. Sur deux courses, le bilan est positif, même si c’est toujours spécial de travailler avec quelqu’un étant habitué à le faire seul. Si travailler avec quelqu’un peut me faire aller plus vite alors je suis prêt à prendre le risque sur quelques courses puis prendre la décision qu’il faudra ensuite (utilité, budget).
- La période de négociations pour la saison prochaine arrive d’ici quelques semaines, la Moto2 reste ton objectif ?
Mon objectif est le Moto2, comme mon objectif était le titre en Moto3. Les objectifs varient malheureusement. Mais je veux aller en Moto2. Mon pilotage s’approche plus de celui de la Moto2 que de la Moto3 depuis mon passage en 600cc (Championnat de France). Je me sens plus à l’aise sur des motos plus puissantes. Maintenant, les places sont très chères et difficiles à obtenir. Il y a beaucoup de monde sur les listes, mais mon objectif est clairement de passer en Moto2. Si je devais faire une année supplémentaire, voire arrêter ma carrière, ce serait décevant, mais je continue de travailler durement pour voir les opportunités qui s’offrent à moi.