Vainqueur au Qatar, la saison 2015 d’Alexis Masbou s’élançait pourtant sur la bonne voie. Toutefois, le Français a lutté Grand Prix après Grand Prix contre des facteurs que lui-même n’était pas en mesure de contrôler. Malgré les chutes, les déceptions, une fièvre dans la fournaise de la Malaisie, Masbou n’a rien lâché.
Pour 2016, il restera très certainement en Moto3 et devrait faire partie de l’aventure Peugeot au sein du Racing Team Germany. Masbou dresse le bilan de sa saison à motogp.com.
- Un point marqué à Valence au terme d’une course compliquée, que s’est-il passé ?
Je suis déçu de ce dernier week-end, je suis parti de très loin sur la grille et j’ai été sorti dans les premiers tours. J’ai fait ma course, une course à l’image de cette saison : nous n’avions pas la possibilité de nous battre devant, mais je n’ai rien lâché. J’ai donné le maximum et j’ai attendu les opportunités. Grâce aux chutes du dernier tour, je marque un point. C’est le sentiment de déception que je ressens depuis la victoire. Le rythme général était bien là, mais aller chercher quelque chose de plus, je n’ai jamais eu l’impression de pouvoir le faire.
- Après cette victoire au Qatar, tu n’as jamais retrouvé le podium ensuite, comment expliquer cela ?
Cela est dû a beaucoup de facteurs. Pour 2016, je suis content que tout change. Rien n’est encore signé, mais quoiqu’il arrive tout va changer, car rien n’a fonctionné cette saison. Les personnes qui sont contre moi diront que je me cherche des excuses, mais ceux qui sont sur place diront le contraire. On est en Championnat du Monde, tu peux être bon, comme je pense l’être, mais les autres sont encore meilleurs. Si tu veux tout faire bien, il faut un bon entourage et la moto. J’avais la moto et à ce titre je remercie une nouvelle fois Honda. J’avais d’autres attentes avec cette moto que je n’ai pas pu concrétiser. Je n’avais pas l’entourage qu’il fallait et ça n’a pas fonctionné. Je voulais vraiment que ça fonctionne, mais il nous tardait que la saison se termine. Ma saison était terminée depuis quelque temps, nous étions là seulement pour faire des piges et les meilleurs résultats possible.
- Le niveau était-il plus élevé cette saison ?
Nous n’étions pas loin. Nous sommes à cinq dixièmes, c’est rien, mais en mondial, c’est trop. Après mon premier Grand Prix sur une victoire et une pole, je ne m’attendais pas à finir avec ce résultat qui ne reflète pas mon niveau. Je suis déçu, mais je n’ai aucun regret, j’ai tout donné, comme tout au long de ma carrière.
- À 28 ans, tu as encore la possibilité de faire une saison supplémentaire en Moto3, quels sont tes objectifs ?
J’ai encore une année, j’ai de la chance. Peugeot veut construire un projet exceptionnel avec moi. Je suis le premier à avoir envie de tout donner pour ça fonctionne. C’est un peu un rêve encore, car ça parait loin, mais être le premier Français, vainqueur sur une moto française, ce serait incroyable. Il y a encore un long chemin : il faut encore signer le contrat et trouver les personnes qu’il faut.
Nous sommes avec les meilleurs du monde. Les gens ne doivent pas oublier que c’est l’élite de la compétition et que j’ai toujours donné le maximum.
Alexis Masbou.
- Penses-tu être trop âgé pour cette catégorie Moto3 ?
Je n’ai jamais caché mon envie d’évoluer en passant en Moto2. Malheureusement, cela ne s’est pas passé comme je le souhaitais. Je suis peut-être un peu vieux, mais j’ai beaucoup d’expérience. Je suis capable de gagner des courses. Si on fait le travail comme il faut, on peut faire des choses dont les gens ne peuvent pas se rendre compte. C’est tellement serré que le moindre dixième fait une énorme différence au classement d’une course ou d’une séance. Quand on voit la difficulté qu’a eue Danny Kent pour être titré sur les dernières courses malgré le niveau incroyable qu’il avait en début de saison, on se dit que le niveau est exceptionnel.
- Le RTG sera théoriquement la seule équipe qui disposera de Peugeot la saison prochaine, peux-tu nous en dire plus ?
Les Mahindra sont encore inférieures pour le moment, on ne peut pas dire le contraire. J’ai rencontré toutes les personnes qui participent à ce projet. Elles ont envie de faire un pas en avant pour montrer qu’on peut faire plus. J’ai rencontré le nouveau Team Manager qui a envie de faire mieux que ce qu’on a pu faire cette saison. Je pense qu’il y a du bon pour le futur. Nous devons nous entourer des personnes qu’il faut. 2016 se construit maintenant.
- Faire partie de ce projet et développer la moto tout en sachant que cela ne pourra pas continuer la saison suivante, quel est ton état d’esprit ?
Pour moi, ma carrière s’était déjà terminée en 2010 quand j’ai été absent sur 6 courses. Je me suis cassé le fémur, on m’a dit que je ne pouvais plus rien faire, que c’était fini. Mon objectif aujourd’hui est de contredire cela. Malgré mon âge, je pense que je peux encore progresser. Le Championnat de Monde est très difficile et pourtant dès ma première saison, je jouais déjà le podium. Ce n’est pas pour ça que je suis Champion du Monde aujourd’hui. Nous sommes avec les meilleurs du monde. Les gens ne doivent pas oublier que c’est l’élite de la compétition et que j’ai toujours donné le maximum.