Au terme d’une attente interminable, le MotoGP a enfin repris du service au Circuit International de Losail. Bien qu’il n’y ait eu qu’une seule séance durant cette journée d’ouverture, certains faits méritent une attention particulière.
Que faut-il retenir du jeudi au QatarGP ?
Viñales entre domination et confirmation
Il ne serait pas judicieux de tirer des conclusions au terme d’une seule séance d’essais libres sur une piste encore poussiéreuse, et ce d’autant plus après un dernier test de pré-saison sur ce même tracé. Ceux qui en parlent le mieux l’accompagnent en piste, « Maverick est très rapide, mais c’était attendu, » déclarait Marc Marquez en fin de journée.
La nouvelle recrue de l’équipe Yamaha officielle s’est effectivement imposée de main de maître en début de soirée. Auteur d’un meilleur tour en 1’54.316, l’Espagnol comptait déjà plus d’une demi-seconde sur la Honda de Marquez en se plaçant sous la pole position (1’54.543) enregistrée la saison passée par celui qu’il remplace chez Yamaha, Jorge Lorenzo.
« Nous avons apporté quelques modifications à l’électronique, lesquelles m’ont aidé à réaliser mon meilleur temps, » confiait Viñales. « En fin de séance, j’ai chaussé un nouveau pneu et j’ai signé un tour en 1’54.316. »
Outre quelques modifications apportées à l’électronique et l’usage d’un nouveau pneu en fin de séance, le pilote ibérique pense, comme à s’habitude désormais, pouvoir encore progresser en peaufinant ses phases de freinages, car il s’attend à une contre-attaque du duo Repsol/Honda ou des deux Ducati officielles.
Un Alien n’arrive jamais seul
Ignorer le potentiel de Viñales au guidon de la YZR-M1 est difficile, mais avec dix Champions du Monde au sein du plateau se partageant un total de 29 titres, d’autres sont là pour tenter de lui voler la vedette. Dani Pedrosa est l’un d’entre eux. L’Espagnol a conclu la première journée avec le troisième chrono à un peu plus de huit dixièmes de Viñales : « Il était important d’être devant, car tout le monde s’attend à l’arrivée de la pluie, » déclarait Pedrosa. « Je pense que nous avons recueilli de précieuses informations. Nous verrons comment sera la suite, tout en continuant de travailler de notre mieux. »
Beaucoup ont chaussé un pneu neuf en fin de séance, mais d’autres, à l’image d’Andrea Dovizioso ou de Valentino Rossi n’ont pas opté pour cette stratégie. « Ce temps est un bon chrono étant données les conditions de la piste. Toutefois, ce n’était pas aussi bon, justement à cause du sable et de grip de la piste. Il a montré qu’il était rapide durant l’hiver, mais nous utilisons tous des stratégies différentes et nous ne savons pas encore quelle sera la meilleure stratégie. » concluait le pilote Honda.
Jorge Lorenzo est celui qui compte le plus de succès à Losail avec six victoires. Pour sa première séance de la saison pour le compte de Ducati, le Majorquin s’est brièvement invité au sommet du classement en fin de séance avant de s’incliner en cinquième position à 1.3s du pilote Yamaha. Lorenzo espère progresser tout au long du week-end pour se rapprocher des leaders : « Vendredi, l’objectif sera de trouver un meilleur feeling avec le pneu dur, » expliquait-il. « Nous avons encore du mal à l’exploiter pour gagner en confiance et maintenir un bon rythme de course. »
Maverick Viñales n’exclut pas non plus à une riposte de son coéquipier Valentino Rossi, lequel était relégué à plus de 1.5s en neuvième place : « Cette performance n’est pas fantastique, mais je suis dans le Top 10, » rassurait toutefois Rossi qui anticipe une météo plus compliquée vendredi. « Avec le pneu, j’aurais pu aller chercher quelques dixièmes. En matière de rythme de course, nous sommes loin. Nous devons trouver une solution. » Le Transalpin évaluera un set-up qu’il a trouvé dans les derniers instants de la première séance pour combler l’écart sur son nouvel adversaire.
Rossi connaît aussi des problèmes avec le nouveau pneu avant proposé par Michelin : « Michelin poursuit un développement qui va dans une direction qui propose un avant plus tendre, en particulier en ce qui concerne la carcasse, mais aussi pour la gomme. Cela me transmet donc beaucoup de mouvements en virage, une caractéristique qui me fait perdre confiance. Je me suis opposé à cette nouvelle génération de pneus dès le premier jour. Mais il semble que d’autres pilotes les aiment. Nous ne pouvons pas changer. »
Folger, Baz, Zarco – deux rookies et deux Français dans le Top 10
Si Viñales occupe l’attention, les nouvelles recrues de Hervé Poncharal dans le team Yamaha Tech3 ne sont pas laissées pour compte. Jonas Folger a achevé la séance au quatrième rang et occupait la place de meilleur rookie et de premier pilote indépendant. Pourtant les conditions n’étaient pas similaires à celle du dernier Test Officiel, « La moto ne se comportait pas de la même manière en raison des fortes rafales, » confiait l’Allemand. « Nous devons désormais ajuster l’équilibre de la moto puisque nous étions en pneus soft, ainsi que l’électronique pour mieux maintenir la trajectoire et négocier les virages avec plus de douceur. »
Loris Baz a créé la surprise en s’octroyant la sixième place à un centième seulement de la Ducati Desmosedici GP17 de Lorenzo. Le Français ne s’attendait pas à être aussi rapide dès la première séance, mais il s’est ainsi adjugé son billet d’entrée en Q2 en cas de pluie vendredi, « La piste offrait beaucoup moins d’adhérence en comparaison au dernier Test ; il y avait beaucoup de sable et de vent. Nous sommes néanmoins parvenus à retrouver rapidement nos marques et notre rythme. Nous avons apporté quelques modifications qui semblent avoir fonctionné notamment sur l’électronique. En prévision de la météo qui s’annonce difficile, j’ai opté pour un pneu qui m’a aidé à rentrer dans le Top 10. Je ne pensais pas être en mesure d’être aussi rapide, mais je me suis senti à l’aise et je sais qu’il y a encore une marge de progression, en particulier avec le pneu médium. »
Au sujet de l’arrivée de la pluie et de l’éventualité de rouler dans ces conditions sur le tracé qatari, Baz ajoutait, « Je pense qu’il faudra essayer de rouler. Nous ne sommes pas certains que nos inquiétudes se portent seulement sur les reflets. De mon côté, je pense que l’adhérence sera problématique sur le mouillé et je sais que je ne suis pas le seul à le penser. Il faudra tester et nous en tirerons des conclusions. »
De son côté, Johann Zarco a joué la stratégie en anticipant la météo qui s’annonce capricieuse pour le reste du week-end, « On ne sait jamais quelle sera la météo durant les prochaines séances, » déclarait le pilote tricolore. « Ainsi, l’équipe et moi avons appliqué la stratégie d’être rapides dès nos premiers tours. » « L’objectif sera de réduire l’écart sur Viñales, car il mène et c’est aussi un pilote Yamaha. Bien qu’il ait plus d’expérience, si je parviens à rester proche, je serai dans le Top 10 et c’est important pour la suite du week-end. »
Yamaha, Suzuki vs les autres
Pour les constructeurs, jeudi 17h marquait la date limite pour l’homologation d’une première évolution de carénage. Selon nos premières informations, seuls Yamaha et Suzuki ont homologué les versions qu’ils avaient dévoilées à Sepang et Phillip Island, respectivement.
Dans le clan Suzuki, Andrea Iannone et Alex Rins ont d’ailleurs tous les deux utilisé ce nouveau carénage abritant des ailerons au guidon de leur GSX-RR : « Nous avons utilisé le carénage aérodynamique pour recueillir davantage d’informations, car nous n’avions pas pu l’utiliser intensément durant le Test, » expliquait Iannone. « Plus nous collecterons d’informations, mieux ce sera. Nous ne savons pas encore si nous l’utiliserons en course. Pour le moment, nous devons continuer à travailler dessus et nous déciderons ensuite durant le week-end. » Selon nos confrères de crash.net, ces ailerons sont démontables et permettent ainsi d’avoir plusieurs configurations avec un seul carénage : avec ou sans ailerons intégrés.
Le carénage aérodynamique de la GSX-RR. (Photo : Christian Bourget / Sports Images)
Ducati, Aprilia et Honda, ont quant à eux décidé de ne pas faire homologuer leurs nouveaux carénages et sont donc tenus d’utiliser le carénage 2016 (sans les ailerons). Ils n’ont donc désormais plus qu’une seule opportunité pour homologuer un carénage durant la saison. Cela dit, selon le règlement (art. 2.4.7.10, version de février 2017), l’homologation porte sur un pilote et non un constructeur multipliant ainsi les possibilités, notamment pour Ducati…
