Le GP de France était la deuxième participation de la TransFIORmers en Championnat du Monde Moto2. Le projet TransFIORmers est mené par une seule personne, Christian Boudinot, qui a su placer son châssis différent parmi les châssis de pointe. Présentation du projet et de la moto qui a créé la surprise en terminant 18ème du GP de France avec le pilote français Lucas Mahias.
- Avant de rentrer dans les détails du projet, qui est Christian Boudinot ?
« Bien avant ce projet, j’étais pilote. Puis, durant près de 10 années, j’ai travaillé dans différents teams, pour beaucoup italiens. J’ai travaillé avec Randy de Puniet, Sylvain Guintoli, Jules Cluzel ou encore Mike Di Meglio lors de quelques courses. J’ai aussi travaillé quelques fois avec Loris Baz. J’ai donc côtoyé beaucoup de pilotes, ce qui m’a apporté beaucoup d’expérience dans le domaine technique et m’a aidé à franchir le pas pour le projet TransFIORmers. »
- Pour ceux qui ne connaissent pas encore le projet TransFIORmers, pouvez-vous nous l’expliquer en quelques mots ?
« Le projet est né aux alentours de l’année 2010, année durant laquelle la catégorie Moto2 faisait sa première apparition en Championnat du Monde. La création d’une catégorie avec un moteur unique m’a donné l’idée de développer un nouveau châssis avec un système de suspensions FIOR. Pour rappel, Claude Fior était un ancien pilote devenu artisan qui a notamment conçu une moto de compétition différente : la proto-FIOR (il est décédé en 2001 suite à un accident d’avion de tourisme, NdR). En tant qu’ancien pilote sur ces motos, j’ai beaucoup apprécié leur système de suspensions. Je me suis toujours dit qu’un jour je développerai un châssis dans la lignée de ceux proposés par Fior. La catégorie Moto2 était donc la meilleure opportunité pour moi. »
- A partir de cette idée de projet, comment avez-vous procédé pour la mise en place de l’infrastructure ?
« Je me suis débrouillé pour développer la moto. J’ai eu la chance que les premiers tours de roues aient été réalisés par Mike Di Meglio. Avec le peu de moyens dont je disposais, les débuts ont été quelque peu compliqués : la moto n’était pas du tout au top. Les retours de Mike m’ont permis de la faire évoluer et de la faire participer à une épreuve du CEV. La moto s’est très bien comportée lors de cette épreuve, j’ai donc voulu continuer l’aventure. »
« Ainsi, dans le but de corriger les faiblesses du premier châssis, j’ai développé un nouveau châssis qui a beaucoup évolué. J’ai eu l’opportunité de faire participer la moto au GP de République-Tchèque à Brno la saison dernière avec Lucas Mahias. Une fois de plus, tout s’est passé pour le mieux, donc j’ai eu de nouveau envie de faire évoluer le châssis – il aurait été dommage d’arrêter en si bon chemin. »
« Durant l’hiver, j’ai donc développé un nouveau châssis avec quelques nouvelles modifications pour améliorer son comportement. Elle a fait ses premiers tours de roue lors des premiers essais libres du GP de France. La performance est donc d’autant plus méritoire puisque sans essais, la moto roule déjà très bien. »
- Qui vous accompagne dans le développement du châssis ? Êtes-vous seuls ?
« C’est moi seul qui développe le châssis grâce à mon expérience et mes connaissances. Je fabrique un marbre pour m’aider à fabriquer le châssis et autour de ce marbre je développe le châssis en lui-même. »
- Sans parler de chiffres précis, le développement d’un châssis est-il onéreux ? Quels sont vos soutiens financiers ?
« Le premier châssis ne m’a pas couté très cher. J’ai eu beaucoup d’aides de différents teams par la récupération de pièces d’occasions notamment. Nissin m’a pratiquement fait cadeau du système de freinage, une équipe m’a offert un faisceau électrique, d’autres m’ont donné des pièces de carrosserie. J’ai donc conçu la première moto avec très peu de moyens. Ensuite, évidemment, j’ai remis un peu d’argent pour du matériel plus performant et pour faire évoluer la moto. »
- Concernant les aides financières ou administratives, la FFM est-elle impliquée dans le projet ?
« Bien sûr, la FFM m’a soutenu la saison dernière et me soutient de nouveau cette saison. C’est grâce à cette aide que nous avons pu engager Lucas Mahias au GP de République-Tchèque en 2013, et bien sûr, au GP de France cette saison. Sans elle, je n’aurais pas pu le faire. »
- Vous avez commencé par une première participation en CEV, pourquoi ne pas avoir insisté et engagé une moto de façon permanente dans ce championnat tremplin ?
« J’ai pris le choix de ne pas engager la moto en CEV tout simplement car en CEV, le règlement est différent. En CEV, tout est permis notamment au sujet de l’électronique. Le coût est donc beaucoup plus élevé. En Championnat du Monde, le règlement est plus restrictif : les moteurs sont tirés au sort (sauf pour les wildcards). Les moteurs et l’électronique sont donc les mêmes pour tout le monde. La différence se joue sur le châssis. En Espagne, l’électronique étant libre, les performances moteurs sont très différentes d’une moto à l’autre : notre moto était à 25km/h des premiers. Au Mans, par exemple, nous sommes seulement à 10km/h. »
- Sur une épreuve comme le GP de France, quel est votre entourage de le box ?
« Seul sur un GP, ce n’est évidemment pas possible. Je suis donc obligé de m’entourer de quelques personnes compétentes. J’ai entrainé quelques personnes dans mon aventure dont un ingénieur en télémétrie qui nous a beaucoup aidé pour ce week-end du GP de France. »