Il aura fallu attendre le GP de République-Tchèque à Brno pour assister à la reprise des pilotes de la Red Bull MotoGP Rookies Cup. Enzo Boulom a profité de la trêve estivale afin de préparer au mieux sa deuxième partie de saison. Préparation physique, participation à l’épreuve du CIV à Misano, test à Brno étaient au programme. C’est justement à Brno que le pilote français réalise son meilleur résultat de la saison. Avec une 10ème et 6ème place à l’issue des courses, Enzo Boulom trouve ses marques et revoit ses objectifs pour la fin de saison. Il nous confie ses perspectives pour 2015 : Red Bull MotoGP Rookies Cup et/ou CEV ?
- Quel a été ton programme de préparation physique durant la trêve estivale ?
J’ai repris la course à pied parce que je me suis rendu compte que j’avais souvent de gros problèmes avec mes jambes. Étant relativement grand, j’ai beaucoup de mal à trouver une bonne position et je dois compenser en restant légèrement debout sur la moto, même en ligne. Je n’avais pas l’habitude de faire autant travailler mes jambes jusqu’à présent. Je fais donc une heure de footing chaque jour, un peu de natation et beaucoup d’exercices d’équilibre.
- À Assen notamment, tu as été vu en compagnie de Fred Petit, ancien pilote 125cc en Championnat du Monde et qui suit Alexis Masbou cette saison, quel est le but de cette collaboration ?
J’ai connu Fred en 2011 lorsque je participais au Championnat de France dans l’équipe de la famille Petit. Durant l’intersaison, il est revenu vers moi pour me proposer de me coacher durant cette saison en Red Bull MotoGP Rookies Cup. Finalement, nous avons choisi Romain (Guyonnet, NdR) parce que j’avais besoin d’un mécanicien avec moi cette saison et que Fred ne souhaitait pas prendre ce rôle. Pour des raisons évidentes de budget, nous n’avons pas pu collaborer avec ces deux personnes simultanément. Sur le circuit compliqué d’Assen, étant sur place pour Alexis, nous avons essayé de travailler ensemble, mais nous n’avons pas souhaité donner suite.
- Tu as aussi profité ce cette trêve estivale pour participer à l’épreuve du CIV à Misano, comment s’est passé ce week-end de courses ?
Ç’a été très compliqué jusqu’aux qualifications. Je pilotais sur une Honda d’origine, mais sur laquelle nous avions placé une fourche et une suspension Ohlins afin de disposer d’une moto un peu plus rigide et de m’aider par rapport à la Red Bull MotoGP Rookies Cup. Initialement, nous avions réglé la moto aléatoirement. Il a donc fallu régler plus sérieusement la partie cycle. Nous avons donc perdu beaucoup de temps lors des essais (libres et qualificatifs). La première course s’est déroulée sous la pluie donc nous avons réglé la moto un peu au hasard. En partant 25ème, je suis remonté rapidement pour passer le premier tour en 13ème position. Après m’être battu durant toute la course, je termine finalement 10ème avec le 6ème meilleur temps en course.
La deuxième course a été plus difficile. Sur le sec et sur une moto stock, je souffrais d’un manque de puissance flagrant. Pour exemple face aux Honda FTR de l’équipe SIC58, sur de courts bouts droit, je perdais énormément de terrain à l’accélération. Même si le pilote manquait certains rapports (au rupteur), je n’arrivais pas à revenir.
- Une participation au CIV à Misano en vue de préparer l’épreuve de la Red Bull MotoGP Rookies Cup du mois prochain ?
Sur la pluie et sur le sec, j’ai pris tous les repères qu’il fallait sur le tracé. Très honnêtement, ce travail en amont va beaucoup m’aider pour l’épreuve du mois prochain à San-Marin.
- Après avoir participé à des épreuves de championnats FSBK, CEV et Red Bull MotoGP Rookies Cup, que penses-tu du niveau du CIV ?
Le niveau du CIV est vraiment similaire au CEV, il est très élevé. En tête, le niveau est le même. Ensuite, par rapport au CEV, il y a peut-être moins de grosses équipes. Il y a beaucoup d’équipes qui participent au championnat avec leur propre moyen et leur propre moto.
- Avant l’épreuve de la Red Bull MotoGP Rookies Cup à Brno, tu as réalisé un test privé sur le circuit, comment s’est-il passé ?
Le dimanche soir qui a suivi l’épreuve du CIV à Misano, nous avons repris la route pour nous rendre à Brno pour un test de deux jours. Nous sommes arrivés sur le circuit le lundi soir. Nous avons effectué un repérage rapide, mais il faisait déjà nuit. À notre arrivée le lendemain matin, il n’y avait plus de box disponibles et le prix très élevé (400 EUR par jour) n’était pas dans nos prévisions. Fort heureusement, nous avons rencontré des pilotes français très sympathiques qui nous ont accueillis dans leur box gratuitement. Ils nous ont tout offert.
Sur la journée, il y avait trois séances de 1 h 40 Malheureusement, la météo n’était pas bonne. La découverte du circuit s’est faite sous la pluie lors de la première séance. N’ayant qu’un seul train de pneus pluie, je n’ai pas pu passer sur les pneus slicks lorsque la piste était séchante et je n’ai pas pu participer à toutes les séances. J’ai toutefois réussi à réaliser environ 300 km sous toutes les conditions afin de préparer au mieux l’épreuve de la Red Bull MotoGP Rookies qui a eu lieu la semaine dernière.
- Lors de notre précédente entrevue, tu précisais être en difficulté avec les départs, as-tu profité du week-end à Misano et du test à Brno pour travailler ce point précis ?
Malheureusement non. Lors du deuxième du test, nous avions prévu une course. À cause de la pluie, nous l’avons annulée. Nous avons simplement réalisé une course-qualificative. Sur la Honda, je n’ai pas de gros problèmes avec les départs : au CIV, au premier virage après le départ j’ai réussi à passer 5 ou 6 pilotes. Avec la KTM, c’est tout simplement impossible pour moi. J’ai beaucoup de difficulté à gérer l’embrayage. J’espérais simplement que ce travail à Brno serait profitable pour les courses et ça a été le cas. Ça m’a beaucoup aidé de connaitre les repères de freinage ou encore d’avoir travaillé les entrées et sorties de virages.
- Justement, tu réalises à Brno, pour la reprise, ton meilleur résultat de la saison, comment s’est passé ce week-end ?
Hormis le podium, nous ne pouvions pas espérer mieux. Par rapport au début de saison, nous avons enfin eu le déclic. Dès mon arrivée au circuit le vendredi matin, j’ai remarqué que la KTM était équipée des capteurs de suspensions. En fonction des pilotes, de leurs résultats ou de leurs difficultés, les organisateurs de la Red Bull MotoGP Rookies Cup font tourner quatre acquisitions de données. Pour ce week-end à Brno, c’était à mon tour d’accéder à la télémétrie. Au début, je pensais que c’était un piège puisque nous devions roder les moteurs. J’étais dans le doute de savoir si le staff mécanicien de la Red Bull MotoGP Rookies Cup voulait observer si je tirais trop sur la moto ou non (rires). Après la première séance, nous nous sommes rendu compte que la moto ne se comportait pas comme il le fallait : beaucoup de mouvement de l’avant au freinage et de l’arrière à l’accélération. J’ai donc expliqué mes problèmes au staff et grâce à la télémétrie, ils ont confirmé mon ressenti de la moto. Ils ont modifié les réglages et j’ai aussitôt gagné deux secondes au tour. Durant la seconde séance libre, j’ai suivi le rythme de Pagliani et de Manzi et j’ai signé le 6ème temps. Durant la qualification, la moto bougeait encore un peu à l’accélération et j’élargissais ma trajectoire. Malgré des problèmes de dribble en début de séance sur pneus neufs, j’ai récupéré le 8ème temps. J’ai ensuite pris les roues de Manzi et Pagliani pour encore améliorer mon temps. Mihara m’a doublé et m’a gêné puis j’ai perdu le contact. Je conserve le 8ème temps même si la 2ème ligne était accessible.
Sur la grille de départ de la première course, il y avait quelques gouttes de pluie. La direction de course nous a renvoyé aux stands afin de changer les pneus. Nous avons eu la possibilité de faire deux tours de formations, mais sur ces deux tours la piste était déjà sèche. Nous avons donc pris le départ sur pneus pluie malgré la piste sèche. Après un départ moyen, je reste derrière en bagarre pour la 5ème place. Finalement, je suis resté dans le groupe, mais je n’ai pas réussi à économiser mes pneus et je termine 10ème. Pour la seconde course, j’ai pris, pour une fois, un bon départ. J’ai gagné deux positions dès le premier virage. Je me suis battu dans le groupe de tête tout le long de la course. En bout droit, à cause de ma taille, je n’ai pas réussi à utiliser l’aspiration pour doubler mes adversaires. J’ai du faire ce travail sur les changements d’angle et aux freinages. Le dernier tour était intense avec des dépassements dans tous les sens. Je termine 6ème à seulement 1 seconde.
- Silverstone est un tracé que tu ne connais pas, quels sont tes objectifs pour ce week-end ?
L’épreuve de Silverstone risque d’être beaucoup plus critique. Toutefois, je me dis que j’ai réussi à suivre le groupe de tête une fois donc je pense que je peux faire de même à Silverstone. Il faut que je prenne une roue dès la première séance et ne pas me focaliser sur l’apprentissage du circuit pas à pas en faisant attention. J’aurais des bases pour les séances suivantes.
- Et pour le reste de la saison ?
Je dois faire le maximum pour que la Red Bull MotoGP Rookies me reprenne la saison prochaine. Je dois finir plus souvent dans le Top5 et essayer de faire quelques podiums. Si je termine 6ème ou 7ème à 1 seconde du gagnant, je ne serais pas déçu.
- Quelles sont tes perspectives pour la saison prochaine ?
Ce que je souhaite le plus est de pouvoir faire une saison supplémentaire en Red Bull MotoGP Rookies Cup pour être au top, mais je dois continuer sur ma lancée des mes résultats de Brno. C’est ma priorité et c’est une excellente école. Il y a beaucoup d’équipes sur place qui regardent avec intérêt les courses de la Red Bull MotoGP Rookies Cup, qui donnent des conseils et qui nous félicitent. Je pense que c’est un énorme avantage pour la suite.
D’un autre côté, nous envisageons aussi le CEV avec quelques participations au Championnat de France FSBK. La FFM m’aide beaucoup et je pense qu’il faut toujours avoir un pied en FSBK même s’il y aura des concurrences de dates avec les autres championnats. Pour le CEV, nous travaillerions avec Martial Garcia qui m’aide beaucoup depuis le début et qui souhaite monter sa propre structure avec une moto équipée d’un moteur Honda. Il ne reste plus qu’à trouver le financement, ce qui est difficile pour le moment. De même, Alain Bronec me propose aussi quelque chose en CEV mais le budget est beaucoup trop important.