Depuis le circuit Bugatti au Mans, nous recueillons les impressions et déclarations des différents pilotes Français. Alexis Masbou, meilleur espoir Français en Moto3, nous a accordé une longue et intéressante entrevue suite à sa séance qualificative de ce Samedi après-midi.
- Quel est ton ressenti sur ce week-end jusqu’à présent, et sur ta séance qualificative qui a eu lieu à l’instant ?
On a bien travaillé tout le week-end, même si hier on s’est un petit peu fait piéger par la pluie qui est arrivée en fin de séance. On a été quasiment tout le temps dans le Top 10, ou en tout cas très proche, et c’était l’objectif puisque je préfère partir d’une des trois premières lignes. Il me manque quelques millièmes, mais je suis contente de notre boulot. Après, la course va être difficile, mais je pense qu’on est capables de faire quelque chose de bien demain. L’objectif serait de terminer la course dans les 10, et si possible au plus près du Top 5. Il va falloir réussir à mettre tous nos progrès bout à bout, à ne pas faire d’erreurs, et normalement ce sera jouable.
- Vous avez roulé tout le week-end sur le sec, demain pour la course il risque de pleuvoir. Quelle météo préfèrerais-tu ?
Quoiqu’il arrive, ce serait mieux qu’il fasse beau et que la piste soit sèche, car les courses ici sont toujours délicates. On l’a bien vu l’année dernière, il y a eu énormément de chutes sous la pluie. Je préfèrerais donc que ce soit sec, comme ça tout le monde part avec son package et tout le monde a les mêmes chances de faire au mieux. Après, sur le mouillé, j’ai mes chances de faire un bon résultat aussi mais bon, quand il pleut, l’important est de terminer la course sur ses roues.
- Comment va ta jambe ?
Beaucoup mieux, depuis mon opération avant le Qatar, ça progresse rapidement. J’ai moins de douleurs, par contre j’ai besoin de temps pour reprendre de la masse musculaire. Ça ne me pénalise pas trop sur la moto, à part que je fatigue plus rapidement. Lors des séances d’essai, ça peut aller parce qu’on s’arrête fréquemment, mais il est vrai que parfois, en course et particulièrement sur la fin, c’est un peu plus difficile. Mais bon, ça fait plusieurs mois que je traîne ça alors je commence à avoir l’habitude.
- Quel est ton objectif pour la saison ?
Lorsqu’elle a commencé, nous avions pour objectif de jouer le championnat. Malheureusement, on s’est vite aperçus que les KTM avaient pris beaucoup trop d’avance… Donc bon, on fait le boulot : on est régulièrement première Honda, on se bat quasiment systématiquement dans les 10 premiers, je ne suis pas encore dans le Top 5 mais j’en approche. C’est vrai qu’on a perdu beaucoup de temps cet hiver à cause de ma blessure, mais on progresse, et ça se voit.
- Tu nous parles de l’hégémonie des KTM, est-ce que la différence se sent sur la piste ?
Oh oui, il y a une grosse différence au niveau du moteur. En ce moment, Honda essaye de nous apporter de petites choses au fur et à mesure et ça nous permet de progresser et de nous rapprocher progressivement, mais KTM a tellement pris d’avance cet hiver que ça va être très difficile de revenir à leur niveau. Mais Honda et FTR travaillent, et avec l’équipe on essaye d’amener toutes ces évolutions à 100% de leur potentiel. On y est est pas encore, mais on s’en approche, et je pense même que ce week-end c’est la première fois qu’on peaufine les réglages, puisque depuis trois courses, on effectuait de très gros changements aux essais et soit ça payait, soit ça ne marchait pas. Là, on a commencé le week-end en étant déjà pas mal, et si on a affiné quelques petites choses depuis vendredi matin, c’était beaucoup plus rapide et constructif que d’habitude.
- Est-ce que tu vises la Moto2 à la fin de la saison ?
Disons que ça fait déjà quelques années que je vise le Moto2, depuis mon retour en Championnat du Monde en 2011. J’avais roulé en 1000cc et en 600cc en Championnat de France, mais aussi un peu en endurance, et je m’étais bien plu sur ces grosse motos. Après, pour l’instant je suis en Moto3, je me fais plaisir et joue les avants-postes, donc ça me convient. Mais c’est vrai que le passage en Moto2 devient vraiment attirant, même si le niveau est extrêmement élevé.
- Est-ce que, comme Louis Rossi, tu suis un important programme de préparation physique ?
Habituellement oui, bien sûr, mais cet hiver du fait de ma blessure. J’ai suivi une grosse préparation mais pas sur le plan physique, vu que je ne pouvais pas forcer. Louis est à l’INSEP à présent, mais ces dernières années, on travaillait ensemble auprès de Fred Corminboeuf en Suisse. Pour ma part, ça fait 5 ans que je travaille avec lui donc on a l’habitude de faire de très grosses séances, voir des choses assez folles où on se la donne pendant l’hiver pour se dépasser et se décrasser (rires) ! C’est une dimension importante dans la moto, nous sommes des sportifs de haut niveau.
- On a vu que Fred Corminboeuf avait décidé de se consacré entièrement au Team CarXpert cette saison, as-tu retrouvé un coach pour ta part ?
Non, je travaille toujours avec Fred, sa porte est toujours ouverte mais cet hiver, je n’ai pas eu besoin de lui du fait de mon état, et j’ai plutôt travaillé avec mes kinés. Quand je serai en forme, je pense que j’y retournerai sans problèmes. Mais ça n’est pas d’actualité, j’ai trop de travail jusque là. Les séances de kiné et le vélo tous les jours sont déjà amplement suffisants pour reprendre une forme correcte, et quand je commencerai à pouvoir à nouveau courir et prendre des petits chocs, j’y songerai !