Jamais dans l’histoire du Grand Prix de République Tchèque, une course 500cc/MotoGP ne s’était déroulée sur le mouillé. Une règle qui n’existe plus depuis ce dimanche puisque la pluie s’est invitée avant le warm-up pour s’arrêter quelques instants avant la course.
Un pari tenté par certains…
Le choix de pneus était donc un paramètre crucial dans l’issue de la course qui allait se dérouler. Jusque dans les dernières minutes sur la grille de départ, les techniciens Michelin nous ont offert un bal de va-et-vient pour répondre aux demandes de chaque pilote.
Seulement deux pilotes ont opté pour une gomme dure à l’arrière et à l’avant : Loris Baz, Cal Crutchlow. Le premier terminera au pied du podium, le second remportera son premier Grand Prix. Jorge Lorenzo, Valentino Rossi et Tito Rabat ont choisi la même qualité de gomme, mais à l’arrière uniquement. Pour l’avant, comme tous les autres, ils ont choisi le tendre.
Si le début de course à profité aux pilotes dotés du pneu arrière tendre, à l’image de Andrea Iannone, leader du 4e au 15e tour, la fin de course a été catastrophique pour le pneu avant de même nature. “Nous avons mené une bonne partie de la course, mais le pneu avant a ensuite eu un problème” explique Iannone. “Il est difficile de trouver l’origine de ce problème. Nous devons encore analyser les données pour savoir pourquoi. Mais le choix du tendre n’était pas le bon. D’autres pilotes comme Dovi, Scott et Jorge ont eu le même problème.”
Tout comme beaucoup d’autres (Voir les déclarations de Rossi), l’Italien s’attendait à une course en flag-to-flag. Il espérait ainsi changer de moto avant de détériorer ses pneus, mais, en vue d’une course flag-to-flag, la seconde moto de chaque pilote est préparée pour le sec; pneus slicks et disques en carbone. La piste de Brno n’ayant pas assez séché pour opter pour cette configuration, les pilotes n’avaient pas d’autre choix que de continuer avec leurs pneus pluie. Résultat, la presque totalité de la bande centrale de roulement s’est détachée des pneus avant tendres de plusieurs motos, ainsi que quelques bons morceaux sur les flancs, comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessus prise lors de la course par notre photographe.
Michelin pointé du doigt et “mind-game”
Nicolas Goubert, directeur technique Michelin en MotoGP, explique l’importance d’éviter de rouler sur une piste séchante en pneus pluie, “Nous avons connu une nouvelle course étrange durant laquelle les conditions changent rendant ainsi le choix des pneus difficile. Cal a fait le choix courageux d’utiliser une paire de gommes dures. Au fur et à mesure de la course, ce choix s’est révélé être le bon pour lui.”
“D’autres ont été victimes d’une usure extrême du pneu tendre alors que la piste séchait. C’était parce que le pneu est conçu pour des conditions mouillées [et non mixtes].”
Un aspect confirmé à demi-mots par Andrea Dovizioso dont le pneu s’est détruit soudainement au 10e tour de la course, “Nous avons utilisé le même pneu qu’au warm-up qui a été excellent sur le mouillé. Bien que la piste était encore humide en course, le pneu avant a rapidement commencé à se détériorer d’une façon anormale, à un tel point que j’ai dû retourner au box [puis abandonner].”
Jorge Lorenzo a connu le même problème durant la course. Une partie de la bande de roulement de son pneu avant s’est elle aussi détachée. Avant de changer de machine, le Majorquin était alors le plus rapide en piste, “J’ai commencé à rencontrer des problèmes au milieu de circuit et mes mécaniciens n’ont pas compris pourquoi j’ai décidé de m’arrêter,” explique Lorenzo. “Ce n’est qu’une fois qu’il ont posé la moto qu’ils ont compris qu’un morceau du pneu manquait. Nous n’avions pas prévu cela. Michelin m’a présenté ses excuses.”
Puis Lorenzo ajoute, “Les gommes ne sont pas toutes équitables et certaines présentent des problèmes. Cela ne devrait pas arriver. Vous pouvez avoir un pneu qui se dégrade sur les extrémités en particulier, mais vous ne devriez pas perdre des morceaux. Michelin travaille dur et je le sais. Je suis conscient qu’ils ont travaillé pour améliorer le feeling à l’avant et ils y parviennent. Mais cette fois, ce fut le pneu pluie qui a posé problème.”
Le pilote Yamaha est convaincu que sans ce problème, le podium était envisageable, “Je veux gagner et il reste encore 7 courses. Je pense uniquement à piloter de mon mieux et à décrocher les meilleurs résultats. Ensuite, nous regarderons le classement et nous verrons où nous serons. Marquez fait du bon travail et nous avons été malchanceux aujourd’hui tout comme Rossi au Mugello.”
Et les ailerons…
Selon nos informations, l’effort exercé sur l’avant d’une MotoGP est d’environ 10 kg par aileron. Cet appui, multiplié par le nombre d’ailerons, sur des pneus avant très tendres, une piste séchante et certains styles de pilotage pourraient en partie expliquer ces détériorations.
Aujourd’hui, un test officiel se tiendra à Brno avec la majeure partie des équipes MotoGP (live-timing), “Nous travaillerons sur les stratégies pour le reste de la saison ainsi que sur quelques nouveaux pneus pour 2017” conclut Nicolas Goubert.
À noter que quelques averses pourraient s’abattre durant la journée…
Avantage à Michelin ou aux pilotes ?
Au final, pour répondre à notre question posée “Un pneu tendre un peu trop tendre ou mauvais choix des pilotes ?”, les première, deuxième et même troisième places de Crutchlow (Dur avant/Dur arrière), Valentino Rossi (Tendre avant/Dur arrière) et Marc Marquez (Tendre avant/Tendre arrière) semblent répondre à notre place : on pouvait monter sur le podium avec n’importe quelle combinaison des pneus pluie apportés par Michelin.
Mais “comment expliquer les problèmes rencontrés par Lorenzo qui a fait le même choix que Rossi ? ” Nous ne manquerons pas de lui poser la question à Silverstone dans quelques jours.