Jules Cluzel a vécu un début de saison difficile. Après une écrasante domination lors de l’épreuve d’ouverture en Australie, il ne ralliera pas l’arrivée en Thaïlande en raison d’un problème moteur alors qu’il avait course gagnée. En Aragón, son équipe semblait avoir introduit son troisième moteur sur un total de six autorisés par le règlement Supersport. Malheureusement, l’issue sera la même qu’en Thaïlande.
Malgré cela, le pilote MV Agusta ne s’avoue pas pour autant vaincu. Avant l’épreuve à Portimao, il semble être aujourd’hui la seule et unique menace de Kenan Sofuoglu dans la course pour le titre mondial. Pour Cluzel, l’objectif sera de se battre jusqu’à la dernière course.
- Malgré deux résultats blancs en début de saison, tu as réussi à conserver ta place de challenger pour le titre, quel bilan dresses-tu de cette première partie de saison ?
C’est un bilan assez mitigé avec des hauts et des bas. J’ai pourtant très bien commencé la saison par les essais hivernaux. Nous avons ensuite enchaîné dans la même dynamique lors de la première épreuve. Nous menions quasiment toutes les séances pour terminer par une course quasi parfaite.
En Thaïlande, nous avons eu des soucis techniques dès les premiers tours qui ont écourté la première séance libre. Le tracé étant nouveau au calendrier, cette séance était plus longue que d’habitude afin d’appréhender au mieux la nouvelle piste. J’ai toutefois réussi à ma qualifier en 2e position sur la grille. La course était bien partie, dans la même direction qu’en Australie. Alors que je menais avec quelques secondes d’avance et que je réalisais les meilleurs tours, j’ai été contraint à l’abandon. À Aragón, Kenan et moi nous battions pour la victoire, mais j’ai dû abandonner à nouveau. Quand on est là pour jouer le titre, avec des espoirs légitimes, de bons essais hivernaux et une première épreuve que j’ai survolée, on tombe forcément des nues avec beaucoup de points perdus. C’était une grosse source de frustration, mais il fallait rester motivé, ce que j’ai réussi à faire.
À Assen, j’ai été très rapide dès les premières séances. La course était amusante avec une tension qui est montée jusqu’au dernier virage du dernier tour. Après une grosse bagarre avec Kenan, je termine second. Mais je ne regrette rien, j’ai tout donné. Avec les problèmes techniques des courses d’avant, il fallait absolument marquer des points. Évidemment, j’aurais préféré gagner.
- La saison passée tu as rencontré des problèmes sur certaines épreuves. Cette saison, les problèmes semblent différents, mais existent toujours. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
MV Agusta a repris intégralement la gestion de l’équipe à la mi-saison dernière. Il y eut une transition difficile qui ne nous a pas aidés techniquement. Cet hiver, nous avions réussi à combler nos points faibles et étions donc très confiants. Je n’ai pas d’information précise à donner, mais je sais que tous les ingénieurs MV Agusta ainsi que mon staff font le maximum et je ne peux rien leur reprocher. Nous avons tous vécu avec la même désolation ces événements qui semblent être liés à un problème de fournisseurs externes.
- Aujourd’hui, penses-tu disposer de ce qu’il faut pour te battre à la régulière face Kenan qui semble imbattable en ce moment ?
Je pense que je peux me battre contre lui à la régulière. Les deux dernières épreuves ont été très compliquées pour l’équipe et moi. Néanmoins, j’arrive encore à lui mettre la pression. Je termine toujours derrière lui à moins d’une seconde. Tous ces petits problèmes nous ont contraints à revoir notre stratégie de réglages de la moto et font que ce n’est pas évident aujourd’hui. Aussi, d’un point de vue personnel, j’ai eu une période de frustration qui fait que ces petits soucis de mise au point me rendent moins patient. Mon objectif est d’être Champion du Monde, mais ce ne sera pas simple.
- Quels sont tes objectifs pour la deuxième partie de saison ?
Je vais tout donner comme je l’ai toujours fait. Ça a toujours été un de mes points forts et parfois un de mes points faibles lorsque j’en donnais trop. Je ne m’endormirai pas et je mènerai la vie dure à Kenan jusqu’à la dernière course, c’est certain. Maintenant, je suis lucide, nous sommes plus en difficulté que l’est Kenan. Lui a profité de nos problèmes pour se constituer une belle avance en début de Championnat. Nous n’avons plus droit à l’erreur alors que lui dispose encore d’au moins un Joker.
- Pour terminer une nouvelle fois vice-Champion du Monde ?
Au pire, je souhaite terminer second du championnat, encore une fois. Ce serait alors ma troisième fois, mais ce n’est pas encore acquis. Néanmoins, aujourd’hui, je ne jouerai pas cette place-là. Je jouerai le titre jusqu’au bout. Je ne vais pas assurer pour terminer second, mais pour décrocher le titre.
- Sur les dernières courses, on a l’impression qu’il y a Kenan, toi et le reste du plateau, êtes-vous les deux seuls hommes forts de la catégorie cette saison ?
Je pense que ça serait intéressant qu’il y ait encore plus d’équipes et de pilotes. Toutefois, cette saison, les chronos et les records tombent. J’ai battu plusieurs fois le record en course et je pense que le rythme que Kenan et moi avons est très rapide. Forcément, les autres souffrent un peu plus. Dans tous les cas, je suis content qu’il y ait Kenan parce que je continue de progresser. Au final, je suis à bloc et je continue d’apprendre comme jamais.
- Quelles sont tes relations avec Kenan après ce qui s’est passé à Assen ?
D’une façon générale, les spectateurs aiment de ce genre de bagarre, mais entre Kenan et moi, il y a un profond respect. Je l’ai dit auparavant et je le dis encore aujourd’hui. C’était chaud, c’était limite, mais nous ne sommes pas tombés, c’est le plus important. Malheureusement, avec toute la frustration des courses précédentes, j’étais un peu tendu à ce moment-là, mais il n’y a aucun problème entre nous. Il ne me tarde de nous battre de nouveau comme ça, en terminant premier, évidemment.
- Une victoire est donc ton objectif principal pour Portimao ?
C’était mon objectif les courses précédentes, je l’avais dit. Aujourd’hui, je ne préfère plus rien dire. On le devine évidemment, mais je deviens un peu superstitieux.
- On arrive déjà à la mi-saison, penses-tu déjà à 2016 ?
C’est encore trop tôt et je m’oblige à me concentrer sur le reste de la saison afin de la terminer au mieux et avoir les meilleures opportunités possible pour 2016.