Ces dernières semaines, les annonces impliquant un probable retour de la firme Japonaise Suzuki en catégorie MotoGP se multiplient, et OffBikes a bien évidemment relayé la plupart d’entre elles. Cependant, ces diverses informations peuvent parfois sembler contradictoires, et nombreux sont les passionnés dans le flou : Randy De Puniet pilote essayeur, Davide Brivio en négociation avec la marque… Où tout cela mène-t-il et que peut-on réellement attendre pour 2014 ?
OffBikes vous propose son analyse de la situation et quelques clés de compréhension de l’énigme Suzuki, au cas où celles-ci vous auraient échappées.
Récemment, les fans de pilotes tricolores ont pu se réjouir d’une annonce très officielle, celle de la signature de Randy De Puniet en tant que pilote essayeur officiel de la firme Suzuki aux côtés de Nobuatsu Aoki, pour le développement de sa nouvelle machine, la GSVR dédiée à la compétition. Outre le fait que ces mêmes fans y voient une occasion pour ce pilote, que nombreux considèrent « bloqué » dans la sous-catégorie des CRT – elle-même vouée à disparaître, on pouvait déjà déceler dans cette nouvelle (qui n’en était pas une tant elle était pressentie) la confirmation de l’intention de Suzuki d’avoir un box dans les paddocks du Championnat du Monde MotoGP dès la saison 2014.
Seulement, Randy De Puniet est, rappelons-le, engagé pour 2013 dans le team d’Aspar Martinez, « Power Electronics Aspar », sur la meilleure CRT du plateau. Ainsi, lorsque les communiqués officiels ont abordé le point difficile de la négociation avec Aspar, il a fallu se poser une question cruciale : que fallait-il négocier avec l’Espagnol, à la tête d’une équipe officielle Aprilia qui ne dit pas son nom ? Car dans le règlement comme dans les faits, rien n’empêche un pilote pour une certaine marque de rouler sur une machine d’une autre firme hors du Championnat… Il n’y avait donc pas d’incompatibilité flagrante entre le nouveau rôle de Randy chez Suzuki et son contrat 2013. Nous en sommes donc venus à imaginer la chose suivante : et si Suzuki prévoyait d’effectuer quelques « piges » sur certains circuits lors de cette saison ?
Le cas s’est déjà présenté, et rien n’empêche la machine en développement de se joindre, tel un Wild Card, à certains Grands Prix de la tournée mondiale. Mais alors, qui la piloterait ? Nobuatsu Aoki, celui qui la développe depuis déjà de nombreux mois, mais dont l’âge avancé et le retour quasi intégral à l’anonymat n’ont que peu d’intérêt ? Ou le fringuant De Puniet pour qui tout le monde espérait qu’il ait enfin à démontrer son potentiel sur une machine d’usine ? Car il s’agit de ne pas oublier que le Championnat du Monde est un championnat de pilotes, et rien dans son règlement n’empêche à un titulaire de rouler pour plusieurs constructeurs plusieurs fois au cours d’une même saison ! Si l’hypothèse Randy était envisageable, ce serait une explication plausible aux négociations entamées avec Aspar, qui se verrait privé de l’un de ses pilotes lors de plusieurs manches du mondial… Une raison de plus pour lui de vouloir remettre toutes ses billes dans le même panier, celui de Suzuki. Une supposition supplémentaire qui nous amène à un autre constat : si Aspar Martinez s’avérait effectivement prêt à « louer » les services de De Puniet à Suzuki, et à s’envisager lui même comme Team Manager de la firme lors d’un probable retour en MotoGP, cela signifierait que l’usine Aprilia ne serait pas prête à aligner une machine d’usine si l’on supprimait la catégorie CRT.
Quid alors de cette annonce encore plus récente qui voudrait que Davide Brivio soit également en négociations avec Suzuki pour le poste de Team Manager ? Car il faut être réaliste, il ne peut y avoir qu’un seul véritable chef d’équipe, et un grand nom tel que le sien s’imagine mal conseiller ou support d’un Aspar hégémonique. Doit-on alors penser que, non contente de signer un retour médiatisé, la firme Japonaise en signerait deux en alignant dans les paddocks deux équipes MotoGP ? Cette hypothèse est loin d’être improbable, et on peut aisément imaginer un team usine officiel, et un team satellite tel qu’Honda Gresini l’est pour le HRC. Cependant, les sources officielles veulent que Suzuki ne table que sur deux pilotes. Chaque équipe aurait alors un seul cavalier.
La boucle se boucle ici, sur la question des pilotes. Randy de Puniet essayeur en 2013, certes. Mais rappelons notre point de vue à ce sujet : le Français a signé pour un contrat qui n’existe pas. Et aux vues de tous les éléments sus-cités, finissons d’argument ce point de vue. Suzuki ne pourra se permettre que d’aligner deux types de pilotes : une jeune premier au talent indiscutable et capable de rouler très vite, et un grand nom, pour le panache. Pour le premier, nul doute qu’Espargaro est en tête de liste : après tout, c’est lui, la valeur sûre qui a remporté le Championnat CRT, et pas Randy. Qui plus est, il est Espagnol, et en termes de sponsors et de financement, inutile de répéter encore et encore combien les pilotes ibériques sont privilégiés par les usines. Pour le second, doit-on considérer De Puniet comme un grand nom ? Malheureusement non. C’est alors qu’il s’agit de songer à une autre option, un pilote bien plus confirmé et qui roulait sur Suzuki il y a encore peu de temps… Ben Spies, évidemment. L’Américain a plus d’une fois démontré l’ensemble de ses qualités et ce malgré les difficultés qu’il a rencontré sur ses différentes machines, rarement à la hauteur des tops du plateau. Et c’est déjà sur la marque Japonaise qu’il triomphait en Superbike Américain trois années de suite. D’ailleurs, le hasard fait bien les choses : son contrat pour 2013 au sein du « Junior Team » Ducati ne dure qu’un an et n’est pas renouvelable…
Alors voici comment les choses se présenteraient, dans un monde idéal où toutes nos hypothèses seraient justes : Suzuki aurait deux équipes en MotoGP pour la saison 2014, une officielle et une « satellite ». Chacune d’entre elle serait gratifiée d’un Team Manager reconnu, Aspar Martinez et Davide Brivio, ainsi que d’un pilote, Espargaro pour l’un (probablement sous l’égide d’Aspar) et Spies pour l’autre (qui a déjà travaillé avec Brivio). Clair et plausible ? Ce tableau l’est largement. Mais rien n’est confirmé et le flou reste – presque – total.
Une question demeure absolument opaque, et il est d’ailleurs temps de nous donner votre avis : quel sponsor voyez-vous pour le retour de Suzuki en MotoGP ?