Auteur de huit podium cette saison (7 fois second et 1 fois troisième), Loris Baz fait logiquement parti des prétendants pour la course au titre du mondial Superbike cette saison. Le pilote français revient sur son début de saison et sur ses objectifs pour les trois épreuves à venir sans oublier de dévoiler ses plans pour la saison à venir : MotoGP ou Superbike en 2015 ?
- Quel bilan peux-tu dresser de ta saison jusqu’à cette longue trêve estivale ?
La saison se passe vraiment très bien. Depuis la première manche, nous avons beaucoup progressé et nous nous sommes toujours battus pour le podium. Aujourd’hui, nous sommes encore en bagarre pour le titre. C’est la troisième saison que je collabore avec cette équipe, même si ce n’est que la seconde saison complète que je réalise. J’ai progressé petit à petit et nous commençons à tous bien nous connaître. Nous sommes à un gros niveau pour lequel il nous reste une grosse marge de progression, c’est encourageant et je suis satisfait.
- Il reste seulement trois manches avant la fin de saison, penses-tu que le titre est toujours à ta portée ?
Effectivement, il ne reste que trois manches. C’est dommage puisque j’ai perdu quelques points lors de la dernière épreuve. J’ai donc besoin de plus de courses possibles pour remonter. Il y a trois manches et c’est pareil pour tout le monde. Ce sont trois circuits qui peuvent me correspondre parfaitement : Jerez, j’y ai été rapide durant tout l’hiver, Magny-Cours, je le connais par coeur et je l’apprécie beaucoup. Nous allons tout faire pour remonter le plus possible et essayer d’accrocher cette deuxième place. La première est un peu loin, mais on ne sait jamais.
- Malgré tout ces podiums cette saison (8), que penses-tu qu’il te manque pour justement remporter une victoire et accrocher cette première place ?
Nous sommes très proches. Il nous a manqué un tout petit peu. Sur chaque circuit sur lequel je pouvais jouer la victoire, j’étais globalement le plus rapide, mais je perdais un peu de temps sur un ou deux virages. C’est toujours le même type de virage : long virage lent où j’avais des problèmes de grip. Nous avons progressé, mais il nous reste encore de travail. Il y a encore une grosse marge de progression à tous les niveaux. Nous connaissons les points sur lesquels nous pouvons gagner du temps donc encore une fois c’est encourageant.
- Quel a été ton programme d’entrainement durant cette longue trêve ?
J’ai pris un peu de vacances et passé du temps avec mon amie et mes amis. C’est rare que nous ayons une grosse pause, il faut donc en profiter. Nous avons repris l’entrainement afin de rester concentrer et de se remettre petit à petit dans la course pour être prêt à Jerez. Malheureusement, le règlement nous contraint à ne pas rouler sur nos motos durant la trêve. Dans le cas contraire, je pense que toutes les équipes auraient réalisé une séance de test. J’ai donc fait un peu de Cross, de Quad et de Supermoto. J’arrive à ne pas rouler durant une longue période et à être tout de suite dans le rythme pour la reprise, ce n’est donc pas un problème pour moi.
- Es-tu toujours suivi par Dominique Simoncini, préparateur physique ?
Il me suit toujours. Nous avons passé beaucoup moins de temps ensemble cette saison, mais il continue de m’envoyer des programmes d’entrainement. C’est surtout durant la période hivernale que nous travaillons le plus ensemble pour bien préparer la saison. Je suis venu au soleil en Espagne cet été étant donné le temps qu’il fait en France, mais je continue à travailler avec lui. Je ne vois pas pourquoi je changerai, je m’entends très bien avec lui et nous réalisons un très bon travail.
- Suite à l’annulation de l’épreuve en Afrique du Sud qui ne sera pas remplacée, quelles seraient selon toi les possibilités permettant de compenser cette perte de points ?
Aucune idée. Peut-être pouvons-nous essayer de nous inspirer du BSB et faire trois manches : une le samedi et deux le dimanche en réduisant le nombre de tours. C’est compliqué. Je pense que la meilleure solution aurait été de remplacer l’épreuve. Je ne pense pas que tous les circuits soient occupés tous les week-ends tels que Valence ou Silverstone voire Monza. Si les circuits n’acceptent pas, c’est probablement lié à des problèmes financiers. Sur les quatre manches annulées (Moscou et Afrique du Sud), il serait appréciable de pouvoir faire au moins deux manches supplémentaires : trois manches à Jerez et trois manches à Magny-Cours ou au Qatar. Pour la finale, ça pourrait être intéressant.
- Selon toi, quel phénomène pourrait expliquer ces annulations d’épreuves cette saison dans le Championnat du Monde Superbike ?
Pour l’épreuve en Russie, c’est tout à fait normal pour des raisons de sécurité. Outre le contexte politique, c’était même dangereux de se rendre là-bas. L’Afrique du Sud, le circuit n’est pas encore prêt donc ce n’est pas la faute des organisateurs du Championnat. Nous ne pouvons pas tout mettre sur leur dos. Après, c’est à eux de trouver une solution de repli. Ce qui est embêtant, c’est de prendre connaissance de l’annulation seulement un mois avant puisque tous les pilotes avaient, en quelque sorte, une stratégie pour cette fin de saison concernant les points. Ça change la donne.
- Cette saison, la catégorie EVO a fait son apparition au sein du mondial Superbike. Elle disparaitra la saison prochaine pour laisser place à un règlement légèrement moins strict les concernant, comment vois-tu l’avenir du Championnat du Monde pour le saisons à venir ?
Ce n’est pas trop mal d’avoir mis en place cette catégorie. Maintenant, il faudrait arriver à trouver des solutions permettant aux équipes de rester. Il y a de moins de moins en moins d’équipes et j’ai même entendu dire qu’il y en aurait encore moins la saison prochaine. C’était un Championnat qui se rapprochait de plus en plus du MotoGP mais j’ai l’impression que les organisateurs tentent de l’en éloigner, ou plutôt de le ramener à ce qu’il était à ses origines. Je pense qu’il y a des solutions à trouver. Créer la catégorie EVO en était une. Mais il y avait moyen de faire un peu mieux afin de les rapprocher de nous même si sur certains circuits c’était le cas. Cela a permis à des pilotes de participer au Championnat, de s’illustrer, mais il faudrait espérer qu’ils restent pour les saisons à venir.
- Tom Sykes, ton coéquipier, a signé une prolongation de deux saisons supplémentaires avec l’équipe Kawasaki Racing Team, quelles sont tes perspectives pour la saison prochaine ?
Il y a plusieurs pistes aussi bien en MotoGP qu’en Superbike. Plus précisément, il y en a plusieurs en MotoGP et une en Superbike. Je ne me vois pas aller ailleurs en Superbike que dans l’équipe Kawasaki. J’attends des réponses de Kawasaki. Je pense que leur priorité était de confirmer un des deux pilotes le plus vite possible, ils ont donc signé Tom. Nous sommes en discussion mais ça prend un peu plus de temps que prévu puisque tout le monde est en vacances en aout. Que ça soit d’un côté ou de l’autre, je devrais être fixé assez vite. J’aimerais rester en Superbike pour accrocher le titre, mais il faut voir si tout le monde dans l’équipe a les mêmes objectifs.
- Cette saison, tu es un adversaire de taille pour Tom, vos relations ont-elles changé aussi bien dans l’équipe qu’en dehors ?
Tout s’est bien passé jusqu’à l’incident à Sepang. On va dire qu’il commençait à se plaindre avant, mais ça n’a pas été un problème particulier pour moi. Il y a toujours eu une bonne ambiance. À Sepang, j’ai commis une erreur mais ce n’est pas un attentat que j’ai fait. À partir de ce moment, quelques tensions sont apparues. Il était très énervé, mais tout le monde l’a calmé un peu en lui rappelant que ce sont des choses qui arrivent en course et que lui-même a percuté quelques pilotes auparavant. Ce n’était pas des coéquipiers, moi c’était mon coéquipier, donc c’est la malchance de la situation. C’est un fait de course, on pilote des motos à plus de 300 km/h et à quelques centimètres les uns des autres. Une erreur est vite arrivée d’autant plus qu’à Sepang, c’était pour l’éviter que j’ai fait cette erreur. Les tensions se sont calmées, il continue son championnat et je fais de mon mieux pour être le meilleur possible. Il n’y a pas deux équipes dans l’équipe mais chacun fait son travail de son côté.
- Entre MotoGP et Superbike, si tu as les deux possibilités, vers quel championnat t’orienterais-tu ?
Ça dépend des conditions de chaque côté et des plans qui s’offrent à moi. L’objectif est évidemment d’aller en Grand Prix. Il est aussi intéressant de rester en Superbike et d’avoir la possibilité de jouer le titre. Tout va se jouer dans les jours qui viennent mais je n’en ai encore aucune idée. C’est 50/50 pour l’instant, mais dans ma tête, tout m’intéresse énormément. Que ça soit l’un ou l’autre, je me donnerai à fond, je me battrai.