Marc Marquez & Freddie Spencer : “Le secret ? Ne rien considérer comme acquis, car c’est là que les ennuis commencent.” – Partie II

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Publié le 13/06/2013 avec Aucun Commentaire

Lors de l’événement Alpinestars qui a eu lieu les 7 et 8 Juin dernier chez MAXXESS Bordeaux, les deux Champions Freddie Spencer et Marc Marquez se sont adonnés à un exercice difficile, celui de la Conférence de Presse. Un flot de questions pour un nombre considérable de réponses très intéressantes, ce qui n’est pas surprenant aux vues des palmarès respectifs des deux invités.

Dans cette deuxième partie, OffBikes vous livre les quinze dernières minutes de cette gigantesque interview croisée de deux « monstres » de la compétition moto, dont les questions étaient posées par Messieurs Sébastien Charpentier (consultant Eurosport) et Thomas Baujard (rédacteur Moto Journal).

Marc Marquez et Freddie Spencer ont le sourire, pour le plaisir des journalistes. (Photo : ©OffBikes)

Marc Marquez et Freddie Spencer ont le sourire, pour le plaisir des journalistes. (Photo : ©OffBikes)

 

  • Marc, nous avons vu une vidéo datant d’il y a quelques temps dans laquelle tu parles de la visualisation du circuit, en précisant que tu visualises parfaitement le tracé de Catalunia et où tu racontes que tu peux y rouler les yeux fermés. Est-ce que c’est quelque chose que tu fais encore en catégorie MotoGP ? Freddie, est-ce quelque chose que tu faisais à l’époque ?

M.M. : Oui, je le fais parfois lorsque je suis chez moi, pour m’entraîner. Je visualise les trajectoires du Mugello ou d’Assen par exemple, je repense à mes repères, j’essaye de me concentrer au maximum pour refaire le tracé complet dans mon esprit, mais c’est un exercice très difficile.

F.S. : Depuis que je suis jeune, je pense toujours à ce que je vais faire sur la moto, car je suis quelqu’un qui croit beaucoup au pouvoir du subconscient. En vieillissant, j’ai toujours essayé de visualiser les courses avant qu’elles ne se déroulent, et je pouvais littéralement ressentir ce que je voulais qu’il arrive. Pour moi, à ce moment là, piloter une moto n’était pas seulement quelque chose de physique, ni même d’intellectuel, il s’agissait d’arrêter de penser et de ressentir. Les mouvements, les vibrations. Je pense réellement que ce processus de visualisation a une part très importante dans la concentration du pilote. Dans un moment comme celui de la course, on est tellement concentré sur ce que l’on est en train de faire que tout autour semble ralentir. C’est une expérience impressionnante.

  • Marc, as-tu cette même sensation que les choses se produisent au ralenti autour de toi lorsque tu es très concentré ?

M.M. : Oui, quand on est extrêmement concentré, cela ressemble à ce qu’a décrit Freddie. Avant de rentrer en piste, on a le sentiment de ressentir plus fort ce qui est sur le point de se dérouler, comme si l’ont était capable d’anticiper la course. Une fois sur la moto, il faut être extrêmement concentré, et pas seulement pour la course. En qualification par exemple, c’est encore un autre type de concentration, il faut se focaliser sur la vitesse, la performance, pousser le plus possible afin de faire tomber les chronos, sans se préoccuper de la moto. Alors que lors des essais libres, toute la concentration est dédiée à la machine, son comportement, ses réglages. Durant la course, c’est encore une sorte de concentration différente. Toutes ces choses à gérer, c’est la raison pour laquelle le sport moto demande un mental aussi fort.

  • Marc, que penserais-tu d’un petit tour sur la 500cc 2 temps de Freddie, sans le « traction control », sa véritable machine de 1985… Penses-tu que tu ferais glisser l’avant et l’arrière comme il le faisait à l’époque ?

M.M. : Ça, je ne sais pas (rires) ! Peut-être que si j’essayais, je ferai quelques figures, mais la seule dont je suis sûr, c’est un beau highside (rires) ! Rouler sur une moto sans électronique et qui a gagné tant de courses par le passe, ça pourrait être vraiment intéressant, mais maintenant il y a eu tellement d’évolutions, que ce soit au niveau des pneus, les suspensions, les assistances électroniques… C’est un pilotage complètement différent, donc je ne sais pas de quoi je serais capable.

F.S. : Moi, je suis sûr qu’il arriverait à s’y adapter. Vraiment, je n’ai aucun doute.

  • Freddie, avec toute l’expérience que tu as, penses-tu que tu pourrais être un professeur pour Marc ?

F.S. : Non ! Bien sûr, j’ai eu une école de pilotage durant de nombreuses années et j’ai travaillé avec de futurs pilotes, mais je pense qu’une chose que Marc et moi avons en commun, c’est que nous sommes de véritables autodidactes. Tout ce que j’ai appris sur la piste, je l’ai appris en faisant ma propre expérience, et je pense que Marc est comme moi, donc je doute qu’il ait besoin d’un professeur. Être pilote, c’est rouler, ressentir la moto, ajuster les choses qui ne vont pas, pousser, pousser et pousser encore jusqu’à frôler la limite, et c’est chose que l’on expérimente seul. Ça ne s’apprend pas.

  • Aimeriez-vous faire une séance d’entraînement ensemble un jour ? Pensez-vous que vous apprendriez l’un de l’autre ?

F.S. : Evidemment, je pense que ce serait très intéressant, surtout si chacun roulait avec la moto de l’autre (rires) ! Parce que j’ai déjà roulé sur une 990cc il y a plusieurs années, et de nombreuses personnes me demandent quelle est la différence entre les motos de l’époque et les motos d’aujourd’hui mais honnêtement, pour moi, courir en moto c’est courir en moto. Si on me donne une machine moderne, je m’y adapterai et si on donne une machine ancienne à Marc, il s’y adaptera. Nous sommes des pilotes, notre talent est justement d’être capable de rouler sur n’importe quoi. Donc oui, ce serait très fun !

  • Marc, aimerais-tu demander à Honda d’aller faire un petit essai sur une 500cc 2 temps ?

M.M. : Pourquoi pas, pourquoi pas ! Là tout de suite, et pour de nombreuses bonnes raisons que vous connaissez tous, ça me semble un peu compliqué, mais un jour oui, pourquoi pas !

  • Marc, tu as grandi en regardant tes héros sur la piste, comme Valentino Rossi, et aujourd’hui, tu te bats contre lui. À quelle autre époque, ou contre quel autre pilote légendaire aurais-tu aimé courir ?

M.M. : Et bien pourquoi pas contre Freddie (rires) ? Il est une référence, pas vrai ? Et puis nous avions le même âge quand nous avons commencé !

  • Marc, tu as subi une très grosse chute au Mugello. Tu appartiens à une génération de pilote qui a accès à un technologie de pointe en matière de protection et d’équipement, comme l’airbag Alpinestar. À quel point est-ce important pour un pilote de se sentir protégé, en sécurité ?

M.M. : C’est tellement important. C’est aussi pour cette raison que nous prenons autant de risques, parce que tous ces chercheurs et ces ingénieurs de l’équipement ont apporté de nombreuses améliorations, comme il y a deux ans avec l’airbag. Sa simple arrivée était déjà un grand pas, aujourd’hui nous avons un voyant qui nous informe que nous l’avons ou non bien connecté, et ça nous oblige à être encore plus vigilants. Parce que si tu tombes, tu tombes, mais quand tu arrives dans les graviers, et que ton corps commence à prendre des chocs, tu es bien content qu’il se déclenche. Les progrès dans le domaine de la sécurités nous permettent de prendre plus de risques et de pousser plus fort. L’arrivée de l’airbag d’Alpinestar était réellement une énorme évolution pour éviter les blessures, car la blessure la plus commune pour un pilote est d’avoir une épaule ou une clavicule touchée. Or, l’airbag en se déclenchant éloigne les parties du corps habituellement les plus vulnérables et exposées du sol, et nous évite de très nombreuses blessures ennuyeuses.

  • Penses-tu à ta chute du Mugello lorsque tu dis ça ?

M.M. : Oui, celle à 300 km/h (rires) ! Merci à mon airbag car ça aurait pu mal finir !

  • Freddie, y a-t-il une chose en particulier que tu aimerais changer ou améliorer dans ton style de pilotage au jour d’aujourd’hui ?

F.S. : Franchement, pas vraiment car je roule de la même façon depuis tellement longtemps. Mais il y a une chose que je dis très souvent dans mon école de pilotage, c’est que piloter une moto est une question de vivre l’instant même, et de ne rien considérer comme acquis car c’est là que les ennuis commencent. Donc il faut être en permanence prêt à s’adapter à toute situation, et ne jamais se reposer sur ses lauriers.

Un grand merci à Marc MarquezFreddie Spencer, et aux équipes de MAXXESS Bordeaux pour nous avoir permis d’assister à cette conférence.

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Propos recueillis par Tom et retranscrits par Line.

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