Il y a une semaine se terminait le test de Sepang à l’issue duquel l’équipe Ducati officielle, par l’intermédiaire de Luigi Dall’Igna, annonçait quitter la catégorie Factory (Usine) pour intégrer la catégorie Open (voir ici). Conséquence, l’équipe dispose de 24 L de carburant, de 12 moteurs par pilote par saison et du pneu extra-tendre. Elle n’est pas soumise au gel du développement moteur durant la saison et n’est pas limitée pour les essais privés (voir détails ici). En contrepartie, l’équipe est dans l’obligation d’utiliser le boitier Magneti Marelli couplé au logiciel de la même marque. Mais ce changement de catégorie n’est pas du goût de tous, à savoir Honda et Yamaha. Pourquoi ?
À Sepang, Magneti Marelli a proposé une mise à jour pour ce logiciel dans le but de s’approcher au maximum de celui des équipes usines. Une mise à jour tellement importante qu’aucune équipe n’a pu l’utiliser. La raison est simple : les équipes privées, à fortiori moins aisées, ne disposent pas de ressources suffisantes pour adapter leur moto à la complexité de cette mise à jour. Livio Suppo (Honda HRC) affirme sur MotoGP.com que le logiciel est bien trop sophistiqué pour être exploité pour le moment. En ce sens, le logiciel 2014 dispose d’un mode lui permettant d’opérer en arrière-plan et de sécuriser au minimum le comportement de la moto. Ainsi, les équipes disposent d’un logiciel de pointe, mais qui les autorise une progression pas à pas.
Lorsque l’on dit « aucune équipe n’a pu utiliser la mise à jour », il semble que ça ne soit pas si simple. Il semblerait que cette mise à jour ne soit autre que le logiciel utilisé par Ducati sur les D16 Usines depuis déjà plusieurs semaines. Dans les informations de la mise à jour apparaissait, d’après certains propos rapportés, la mention « Ducati Motor Holding », qui aurait été visiblement oubliée. Magneti Marelli développait déjà par le passé des logiciels électroniques pour la firme Italienne — ainsi que pour Yamaha. En novembre dernier, lorsque Magneti Marelli a demandé de l’aide à Yamaha, Honda et Ducati pour le développement du logiciel, Yamaha et Honda ont tout simplement refusé. Mais pas Ducati. Il semble logique que cette nouvelle mise à jour soit tout simplement la version la plus aboutie de leur logiciel, développée au sein (ou avec l’aide prédominante) de Ducati.
Dans les faits, si cela est avéré, cela représente un certain avantage pour les hommes en rouge, qui en plus d’une connaissance avancée du logiciel électronique par rapport aux autres teams de la catégorie, disposent de bien plus de moyens (infrastructure, soutien usine) que des équipes comme Forward ou Avintia. Ce qui n’est pas interdit est autorisé. Or rien dans le règlement n’interdit à Ducati de mettre leur logiciel à disposition de Magneti Marelli, qui a très certainement contribué à son développement. Et rien n’interdit à Magneti Marelli de fournir un logiciel déjà existant à la catégorie, dans la mesure où ce logiciel est le même pour tout le monde.
Si l’avantage du nouveau boitier devrait s’étouffer à très court terme — le temps que les équipes Open s’adaptent au nouveau logiciel — il existe une « brèche » dans le règlement dans laquelle Ducati s’est introduite : « Nulle part il n’est spécifié qu’une équipe usine ne peut s’engager en Open », confie Paolo Ciabatti, directeur sportif Ducati Corse, lors d’une entrevue accordée à GPOne.
Et c’est justement sur ce point que Carmelo Ezpeleta s’est confié à nos confrères de AS.com. Son idée : introduire un nouveau statut intermédiaire, Factory 2. L’équipe disposera toujours du boitier et du logiciel Magneti Marelli mais le carburant sera réduit à 22.5 L et le nombre de moteurs sera réduit à 9. Initialement l’équipe sera Open , mais dans le cas d’une victoire, de 2 deuxièmes places ou de 3 troisièmes places, elle passera Factory 2. À noter qu’aucune information n’est donnée quant au gel du développement des moteurs ou la limitation des essais privés.
Si Ducati est l’objet de tous les regards, l’entrevue ne permet pas d’affirmer si ce règlement s’applique à l’équipe Forward, toute aussi menaçante que Ducati lors des tests, qui aligne, pour le moment, deux Yamaha M1 (châssis et moteurs Yamaha). Initialement, les motos de l’équipe Forward devaient être développées autour d’un projet commun avec FTR qui n’est pas encore prêt à l’heure actuelle. Le point qui reste donc à éclaircir : le statut Factory 2 s’applique-t-il uniquement aux équipes usines ou à toutes motos à spécifications usines ?
À cette question, Javier Alonso (directeur général des évènements) vient de répondre aujourd’hui sur le site MotoGP.com : ce point de règlement s’adresse à toute équipe engagée en Open. Ainsi, Forward, Aspar, Cardion AB, Ioda, Avintia, Gresini ou encore PBM sont concernées. Giovanni Cuzari, parton de l’équipe Forward n’est pas inquiet par le passage à 22.5 L : « nous fonctionnons avec 22 L, alors 22.5 est un rêve. Là où nous ne sommes pas d’accord, c’est les bruits qui entourent Ducati et le boitier ECU. Nous allons éclaircir ces points rapidement à Jerez la semaine prochaine. »
Mise à jour 8/03/2014 : Matthew Birt (MCN) rapporte durant le test à Losail que seule Ducati est concernée. Il semble que la règle Factory2 s’applique uniquement à Ducati qui est Open avec soutien usine et utilise le logiciel 2014. En comparaison, Forward n’obtient pas de soutien usine de la part de Yamaha et utilise le logciel 2013. Attente de l’annonce officielle.
Il faut rappeler que l’objectif de la combinaison boitier/logiciel Magneti Marelli est double (et contradictoire) : d’un coté, limiter l’expansion des coûts de développements tout en offrant des performances proches de ceux utilisés par les équipes usines (full-Open prévu en 2016) et de l’autre, proposer une combinaison qui offre une sécurité accrue, mais qui intervienne le moins dans l’aide au pilotage.
Le règlement sera adopté (ou non) le 11 mars prochain lors d’une réunion qui rassemblera la Dorna, la MSMA, l’IRTA et la FIM.
Ducati, qui fait partie de la MSMA (association des constructeurs), prendra part à cette réunion. Sera-t-elle en mesure de se soumettre à ce nouveau point de règlement ? Pour le moment, la question est à l’étude selon Paolo Ciabatti…
De son côté Davide Brivio, manager de l’équipe Suzuki, reste en observateur et n’écarte pas l’option Open. La saison 2014 sera révélatrice.