Il y a quelques semaines, nous laissions Thibaut Bertin en pleine prospection pour la saison 2015. Le Champion Superstock en titre voyait grand et avait pour objectif de rentrer pleinement en catégorie Moto2.
Aujourd’hui, c’est désormais chose faite. Bertin rejoint l’équipe JEG Racing Moto2 sur une Suter version 2013. Il évoluera au sein du nouveau Championnat d’Europe Moto2 dans une nouvelle équipe. Nouvelle moto, nouvelle équipe, nouveau championnat et nouveaux pneumatiques (Dunlop), pour Bertin, la saison 2015 sera un nouveau défi. Malgré les difficultés et les galères, le pilote français s’avoue confiant pour cette saison et s’impatiente déjà de rouler pour la première fois au guidon de sa Moto2.
- Comment se sont passées tes recherches pour la saison 2015 ?
Toutes les propositions que j’ai eues étaient beaucoup trop chères. Les tarifs tournaient entre 80.000 et 180.000 EUR pour la saison complète, pneus compris. D’autres propositions étaient moins élevées, mais les motos n’étaient pas compétitives ou le contrat ne comprenait pas de tests privés. J’ai donc cherché pour tomber finalement sur des Moto2 à vendre. En Espagne, j’ai trouvé une Suter 2013 en très bon état en plus d’autres pièces comme des carénages, des jantes, des pièces de chutes. Je l’ai déjà amené chez mon préparateur Lionel Brancquart puis chez Éric Delcamp pour la mise au point du châssis.
- Quelle sera ta structure ? Nouvelle équipe ou conserves-tu celle de la saison dernière ?
J’intègre l’équipe espagnole JEG Racing gérée par Juan Eric Gomez avec qui je m’entendais bien la saison passée. C’est un ex-pilote qui me propose sa structure pour 2015 ainsi qu’un mécanicien. Il me portera sous son aile durant la saison. Plus précisément, il me propose un forfait par week-end comprenant la structure, la mécanique, les outils ainsi que la logistique de déplacements. C’est un très bon compromis et un beau projet. J’y trouve mon compte et au moins je vais au bout de mes convictions.
- Et ton entourage dans le box reste le même (compagne, mécanicien) ?
D’abord, je dois remercier mon père. C’est grâce à lui que j’ai pu obtenir cette Suter. Mes parents sont passionnés et se déplaceront à chaque épreuve. Il en est de même pour ma compagne. Mathias Chabany, mon mécanicien, sera toujours à mes côtés. Ce sont plus que des amis à mon sens. Nous serons une petite équipe au sein d’une structure plus grosse.
- Tu joueras à armes égales en catégories Moto2, quels objectifs te fixes-tu ?
Je ne disposerai pas de la dernière Suter avec les toutes dernières évolutions et nous avons beaucoup à apprendre. C’est une moto qui fait 25kg de moins équipée de roues en magnésium. La différence va être conséquente. Pour toutes ces raisons, il ne faut pas s’emballer et garder les pieds sur terre. Il est évident qu’il y aura des possibilités. Maintenant, il va falloir les exploiter au mieux. Cette saison, l’avantage est que j’aurai déjà la connaissance des circuits. Il faudra maintenant travailler sur les réglages de la Suter pour chacun des circuits.
- Par rapport aux autres pilotes, tu ne disposes que d’un seul châssis, appréhendes-tu la chute qui pourrait mettre fin prématurément à ta saison ?
C’est une question délicate. Quand on pilote sa propre moto que l’on bichonne tous les jours, que ce soit une Suter ou une R6, on y fait toujours très attention. Mais une fois que le feu s’éteint, on oublie tout ça. Le but est de rouler. Bien sûr, quand tu évolues dans une équipe officielle, tu as la possibilité de te lâcher sans avoir la peur au ventre à chaque freinage. Je fonctionnerai comme la saison dernière : faire une bonne qualification tout en gardant la course comme objectif. C’est la course qui compte.
- Connais-tu les pilotes que tu vas côtoyer au sein de ta nouvelle équipe ?
Oui, il y aura Damien Raemy qui connait déjà la Suter. Les autres pilotes qui étaient dans l’équipe la saison dernière restent cette saison. Ce sont des pilotes avec lesquels je m’entends très bien. Globalement, c’est une équipe pour laquelle je sais qu’il n’y aura pas de problèmes.
- Tu viens de débloquer un peu de budgets pour la saison, cela signifie-t-il la programmation de tests d’ici le début de saison en avril ?
Nous avons effectivement débloqué un peu d’argent, mais ça reste encore très dur. Nous n’avons pas encore tout ce qu’il nous faut pour faire la saison sereinement. Pour un ordre d’idée, il faut compter 2.000 EUR par week-end de courses. Il faut donc environ 15.000 EUR rien que pour les pneus pour la saison sans compter les entrainements. C’est compliqué. Mais avant tout, notre objectif est de comprendre la moto. Nous allons donc la démonter, la remonter afin de l’étudier au mieux. Nous allons ensuite préparer les carénages même si nous manquons de sponsors (rires). Nous allons ensuite tenter de trouver un circuit en France pour commencer à dégrossir le travail. Nous irons ensuite à Barcelone ou à Valencia pour voir où nous en serons et avoir une idée de chrono.